Le corps de Pablo Neruda retrouve sa dernière demeure
Après un hommage populaire à Santiago du Chili, le cercueil avec les restes de cet ambassadeur de la littérature hispano-américaine né le 12 juillet 1904 ont été transférés mardi matin à Isla Negra, à 120 km à l'ouest de la capitale, dernier lieu de résidence du poète, et inhumés.
Le cercueil était recouvert d'un drapeau chilien et une vingtaine de proches et de membres de la fondation qui gère son œuvre ont assisté à la cérémonie au soleil. "Camarade Pablo Neruda présent, maintenant et toujours !", a clamé un petit groupe du parti communiste, où Pablo Neruda a milité toute sa vie. "Aujourd'hui pour nous, il ne s'agit pas de funérailles, bien au contraire. Revenir à Isla Negra, c'est regarder à nouveau la mer et regarder à nouveau la mer, c'est revivre, surtout pour un poète", a déclaré aux journalistes Raul Bulnes, le président de la Fondation Pablo Neruda.
Près de quarante-trois ans après sa mort en 1973, Pablo Neruda repose à nouveau dans le jardin de sa villa face au Pacifique, au côté de Matilde Urrutia, sa troisième femme.
Neruda empoisonné ou victime d'un cancer ?
Après une longue bataille judiciaire, l'exhumation des restes de Pablo Neruda avait eu lieu en avril 2013 pour tenter d'éclaircir les circonstances de son décès. Les analyses n'ont, pour l'heure, pas apporté de réponse définitive. Selon le certificat de décès rédigé par la junte militaire alors au pouvoir, le poète est mort d'un cancer de la prostate quelques jours après le coup d'Etat de 1973.Son chauffeur de l'époque, Manuel Araya, assure, lui, que Pablo Neruda, militant du Parti communiste, a succombé à une injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il comptait s'exiler pour y diriger l'opposition au général Pinochet.
Résultats d'une ultime analyse attendus en mai
En mai 2014, une équipe de chercheurs espagnols a révélé la présence massive de bactéries, des staphylocoques dorés, qui auraient pu être inoculées par des agents de la dictature. Les résultats d'une ultime analyse sont attendus en mai pour clore définitivement la procédure.Quatre laboratoires, aux États-Unis, en Espagne, en Norvège et au Danemark, analysent l'ADN des bactéries retrouvées sur la dépouille du poète. "Nous sommes en attente de ces analyses qui seront déterminantes pour savoir si ce staphylocoque (doré) a été communiqué à Neruda à cette époque ou s'il est, au contraire, apparu sur ses restes en raison de manipulations postérieures", a expliqué à l'AFP l'avocat du Parti communiste chilien, Eduardo Contreras, à l'origine de la demande.
Ces bactéries étaient utilisées "habituellement par Eugenio Berrios (le chimiste de la police secrète de Pinochet, chargé de concevoir des armes chimiques, ndlr) et cette souche en particulier ne fait pas partie de celles ayant pu exister à cette époque à l'hôpital" de Santiago où se trouvait Neruda, selon cet avocat.
Mais si les technologies sont beaucoup plus avancées aujourd'hui, le temps a passé et les conditions dans lesquelles le corps avait été enterré - en bordure de mer - pourraient empêcher de jamais connaître les causes de sa mort, a-t-il toutefois reconnu.
La thèse de l'assassinat est apparue en 2011
L'hypothèse d'un assassinat du poète est apparue en 2011, après les révélations de Manuel Araya, qui était à la fois le chauffeur et l'assistant personnel de Pablo Neruda, sur la mystérieuse injection. "Neruda a été assassiné", affirmait-il à l'AFP en 2013. Une enquête judiciaire avait alors été ouverte, tandis que d'autres témoignages venaient semer le doute en assurant que Pablo Neruda était en forme jusqu'à la fameuse injection, et qu'un avion fourni par le gouvernement mexicain l'attendait justement pour le transporter au Mexique et y jouer le rôle de chef de l'opposition.La mort en 1982, dans la même clinique, de l'ex-président Eduardo Frei (1964-1970), venu pour une opération de routine et qui pourrait avoir été empoisonné, a renforcé la thèse d'un assassinat de Neruda .
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