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La véritable histoire du gang des lyonnais

A l’occasion de la sortie du film "Les Lyonnais" d’Olivier Marchal, le 30 novembre, la capitale des Gaules s’offre le grand frisson en replongeant, avec un brin de nostalgie, dans ce passé où la ville avait pris des allures de Chicago des années 30 sous l'influence du célèbre gang des lyonnais.
Article rédigé par franceinfo - Anthony Laurent
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Gérard Lanvin, Tchéky Karyo et Daniel Duval sont à l'affiche du dernier film d'Olivier Marchal "Les Lyonnais"
 (ND)

A tout seigneur, tout honneur, c'est  un ancien flic de la PJ, qui a choisi de réhabiliter l'une des plus célèbres bandes de malfaiteurs français : "Le gang des lyonnais", auteur en 1971 à Strasbourg du plus gros casse de l'après-guerre.

 

 

Lors de l'avant-première du film, le 21 septembre 2011 à Lyon, Olivier Marchal avait réuni autour des acteurs : Edmond Vidal, le chef présumé de ce gang issu de Décines ; Gilles Bénichou, l'une des figures du milieu lyonnais, mis en examen et incarcéré dans le cadre de l'affaire Neyret et Michel Neyret, ex-numéro 2 de la PJ lyonnaise, inculpé et placé en détention préventive début octobre pour "corruption, trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs, violation du secret professionnel et détournements de biens".    

 

 

Si le hold-up, le 30 juin 1971, de l’hôtel des Postes de Strasbourg reste le fait d’armes le plus marquant des lyonnais, le gang s’est principalement illustré dans sa région d’origine, Rhône-Alpes, avec notamment le rapt de l’héritier de la famille Mérieux, libéré contre une rançon de vingt millions de francs. La police lyonnaise leur impute également les braquages en 1973 du Carrefour de Vénissieux, de la Société Générale de Chazelles-sur-Lyon, puis de celle de Feurs, ou encore de la banque Populaire de Chalon-sur-Saône, l’année suivante. Quant à l’opération strasbourgeoise, elle avait été méthodiquement élaborée à partir du précédent casse de noël 1970 contre la poste de Chambéry. Même à la lumière des nombreuses pièces judiciaires, enquêtes ou procès, sur Edmond Vidal, Johanny Chavel, Louis Guillaud, Jacques Grangeon, Pierre Pourrat, Nicolas Caclamano, René la Canne, Guy Renaud, Pierre Rémond, Jean Augé, Jean-Pierre Grandeboeuf (…) l’histoire du célèbre gang recèle encore de nombreuses zones d’ombre.

 

 

Des zones grises qui nourrissent la légende et alimentent les écrits ou fantasmes des amateurs de romans noirs. Richard Schittly, journaliste au quotidien lyonnais « Le Progrès » et correspondant du Monde, s’enfonce dans la brèche et publie « Le gang des Lyonnais, la véritable histoire », un ouvrage paru en 2011 aux éditions « La Manufacture de Livres » qui retrace toute la saga du gang à travers les récits de témoins encore vivants. Son journal n’est pas en reste puisque le Progrès propose ce mois-ci un numéro spécial intitulé « 40 faits divers extraordinaires ». Dans ce hors-série, les histoires des figures du grand banditisme lyonnais des années 70 côtoient, entre autres, les aventures rocambolesques du convoyeur de fonds aux deux visages : Toni Musulin. Mais dans une ville, qui malgré son calme apparent, reste le théâtre régulier de braquages violents et la plaque tournante de nombreux trafics, c’est l’assassinat d’un juge qui continue, plus de trente ans après, d’alimenter les soupçons et la controverse à propos du gang des lyonnais et de ce soit-disant "code d'honneur".

 

 

Francis Renaud, le fils du juge assassiné, vient de publier aux « Editions du Rocher »  un plaidoyer en faveur d’une réhabilitation du travail et de la mémoire de son père. Il y affirme que l’argent du casse de Strasbourg aurait fini dans les caisses de l’UDR, le parti gaulliste. Dans ce livre, il établit également un lien entre les activités illégales du S.A.C. et le milieu lyonnais, une théorie déjà illustrée en 1976 par Yves Boisset dans « Le juge Fayard dit Le Shériff ». Francis Renaud rapproche même l’assassinat de son père, d’une autre affaire mystérieuse : la mort de Robert Boulin, ce Ministre de la République, en passe de succéder à Raymond Barre, retrouvé mort en 1979 et probable victime d’une machination politique maquillée en suicide. Un gang de voyous, un juge assassiné, un ministre décédé et des histoires de financements politiques occultes... Certains n’ont peut-être pas intérêt à ce que toute la lumière soit faite sur ces années sombres où les bandits lyonnais n’avaient rien à envier à la pègre marseillaise. Une chose est sûre, dans ses mémoires autobiographiques parues chez Michel Lafon et intitulées « Pour une poignée de cerises», Edmond Vidal dit "Monmon" n’a certainement pas tout dit, mais le pouvait-il vraiment, sans risquer d’être à son tour sorti du jeu ?

 

 

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