La saison 2012/13 de la Cinémathèque : Carné et Demy à l’honneur
Preminger, De Oliveira, Trintignant et les autres
Comme il plait à la Cinémathèque, quand il s’agit de consacrer une rétrospective à un réalisateur ou à un(e) interprète : il faut être exhaustif. Pour Preminger, pas moins de 35 films comme réalisateurs projetés, un comme acteur, trois documentaires et deux conférences.
Un peu oublié aujourd’hui, rappelons que d’origine viennoise, Otto Preminger à fait la majorité de sa carrière à Hollywood en signant quelques classiques et non des moindres : « Laura » (1944), « La Rivière sans retour » (1954), « Carmen Jones » (1954), « L’Homme au bras d’or » (1955), « Autopsie d’un meurtre » (1959), « Exodus » (1960) ou l’inattendue et excellente adaptation de « Bonjour tristesse », d’après Françoise Sagan en 1957. (Du 30 août au 8 octobre).
La bande-annonce originale de "Laura" (en anglais) :
La deuxième rétrospective de cette rentrée est consacrée au doyen du cinéma mondial, Manoel De Oliveira qui tourne toujours, aujourd’hui âgé de 103ans ! D’une formidable vitalité, il est le seul cinéaste vivant à avoir tourné à l’époque du muet (le parlant date de 1927). Son dernier film en date, "L’Etrange affaire Angélica" (2010) est une perle rare. « Le Val Abraham » (1993), adaptation portugaise de « Madame Bovary » de Flaubert est peut-être un de ses plus beaux films. Citons également « Os Cannibales » (1988), féroce fable bunnuellienne. (Du 6 septembre au 21 octobre).
La bande-annonce de "L’Etrange affaire Angélica" :
Enfin la programmation d’automne tirera sa révérence à un de nos plus grands acteurs français : Jean-Louis Trintignant, à l’occasion de la sortie du dernier film qu’il a interprété, Palme d’or, méritée, au dernier Festival de Cannes : « Amour », de Michael Haneke. Sa filmographie aux titres innombrables, renvoie aux réalisateurs les plus prestigieux et partenaires qui ne le sont pas moins. Trintignant est un géant, son interprétation dans « Amour » inégalable, démontre une intégrité impressionnante que reflètent tous ses films. (Du 26 septembre au 12 novembre).
La bande-annonce de "Amour" :
« Les Enfants du Paradis » exposé et restauré
Le chef d’œuvre de Marcel Carné, « Les Enfants du Paradis » (1943-45) fait l’objet d’une exposition exceptionnelle dont la Cinémathèque a le secret du 24 octobre 2012 au 27 janvier 2013. Il va s’en dire que le film a bénéficié d’une restauration au cordeau, avec sortie en salle, en DVD et en Blu-ray à la clé le 24 octobre prochain. On en reparlera.
Extrait des "Enfants du Paradis", Jean-Louis Barault-Arlety - "Les petites lumières"
Rien n’est sans doute plus difficile que de concevoir une exposition autour d’un film, aussi mythique soit-il, car un film cela se voit, ça, bouge ; une exposition, ça se visite. La Cinémathèque l’a déjà fait et réussi (« Métropolis ») et le confirme avec « Les Enfants du paradis ».Il s’avère que le fonds d’archives possède des documents sur le film dès les années 40 grâce à l’amitié qui liait les frères Jacques et Pierre Prévert (Jacques étant dialoguiste du film) et Henri Langlois, futur initiateur de la Cinémathèque. Ce fonds fut depuis enrichi par l’acquisition en 2009 de la collection Marcel Carné (réalisateur du film) où se trouvait le scénario original signé Jacques Prévert. S’ajoute à ce patrimoine sans égal, la Fondation Jérôme Seydoux qui, pour sa part, possède de nombreuses strates du film : affiches, dessins de pré-production, costumes, maquettes…
L’on pourra voir ainsi la caméra de Carné, les dessins du Trauner (décorateur), les tableaux de Kisling et de Van Dongen qui ont servi le film, les gouaches de Mayo, les costumes… Tout un patrimoine visuel qui incarne un des plus grands films du monde. L’exposition est accompagnée d’une rétrospective Marcel Carné, Jacques et Pierre Prévert, sur laquelle nous reviendrons en octobre.
Jacques Demy en tableaux
« Nous sommes deux sœurs jumelles, nées sous le signe des gémeaux ». Qui ne se rappelle pas cette strophe sortie des « Demoiselles de Rochefort » (1964) de Jacques Demy, sur un air signé Michel Legrand ? Comme si Demy savait comme personne transcrire en images et en musique un idéal commun à tous, coloré et chantant, une réalité transfigurée.
Extrait des "Demoiselles de Rochefort" : la chanson des jumelles :
C’est ce qu’il a réussi à faire dans ses films. Donner du peps à la vie ; nous rappeler qu’elle vaut le coup d’être vécue, lui qui est parti si jeune et nous a quittés trop tôt. Bonne idée encore de la Cinémathèque de revenir en « tableaux » sur Jacques Demy. Grâce à des photos, des costumes, parapluies (de Cherbourg) et ombrelles ; des documents, écrits, graphismes, sur des films inoubliables et qui revivent toujours, éternel. Tous les enfants, aujourd’hui encore se passent en boucle « Peau d’Ane » (1971) et chantent ses airs, avec les merveilleuses Catherine Deneuve et Delphine Seyrig.Extrait de "Peau d'âne' : "Le cake d'amour" :
Voir Demy, c’est rajeunir, c’est une cure de jouvence, un bonheur éternel qui accompagne cette exposition du 10 avril au 4 août 2013, rétrospective filmique assurée. Merci la Cinémathèque !
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