L'écrivain, scénariste et comédien Daniel Boulanger est mort à 92 ans
Belmondo, Noiret, Gabin, Deneuve ou Montand : Daniel Boulanger a mis pendant trente ans son talent au service des stars, à partir des années 1960, comme des cinéastes de la Nouvelle vague pour lesquels il n'hésitait pas à faire l'acteur. Tout en construisant une oeuvre forte de dizaines de romans, recueils de poèmes et de plusieurs centaines de nouvelles.
Personnage balzacien, trapu, crâne rasé et regard bleu acier, Boulanger dissimulait derrière des allures brutales, faussement sanguines, la virtuosité d'un romancier au style limpide et drôle et la malice d'un poète minimaliste.
Novéliste de talent
Né le 24 janvier 1922 à Compiègne (Oise) dans une famille originaire des Flandres, il étudie au séminaire, puis rejoint la Résistance pour des opérations de sabotage contre l'armée allemande. Grand voyageur, on le trouve ensuite au Brésil, puis il exerce comme fonctionnaire au Tchad. Mais sa carrière littéraire commence dans les années 1950 avec ses premières nouvelles publiées dans des revues comme Les temps modernes et La nouvelle revue française.
Il enchaîne ensuite à raison d'un livre par an: "L'ombre" (1959), "Le gouverneur polygame" (1960), "La porte noire" (1961)... Une écriture charnue, chantante, qui fleure la province, le situe d'emblée dans la lignée d'Alexandre Vialatte ou de Raymond Queneau. "Je suis un homme qui écrit et cherche à aller au-delà du secret d'autrui, explique-t-il alors. C'est ma façon de rêver". Il obtient le Prix de l'Académie française pour "Vessies et lanternes" (1971).
Son oeuvre littéraire s'est souvent intéressée aux humbles à qui il trouve des richesses inexploitées. Son premier roman, "La rue froide", est paru en 1958. D'abord proche du Nouveau roman, il s'en éloigne pour le genre de la nouvelle, peu prisé en France, avec une précision du langage, un sens aigu de l'observation, qui font de chacun de ses textes un portrait tendre et profond des individus.
Nouvelle vague
Loin du notable des lettres, Daniel Boulanger a été aussi dès le départ de l'aventure de la Nouvelle vague qui a bousculé le vieux cinéma français. Il collabore en 1959 à "A bout de souffle", de Jean-Luc Godard, puis à "Tirez sur le pianiste" (1960), de François Truffaut, deux films dans lesquels il joue les flics ou les truands aux allures de Chéri-Bibi.
Travail d'orfèvre
A la fin des années 1980, l'écrivain délicat, père de sept enfants, cessera pourtant de se disperser pour ne plus se consacrer qu'à l'écriture. La critique salue alors le travail d'orfèvre de l'auteur de "Table d'hôte" (1982), du "Miroitier" (1996) ou de "Talbard" (1998). Des récits et nouvelles qui évoquent la patte de Georges Simenon et les films de Claude Chabrol, dont il tisse la trame provinciale dans sa grande maison de Senlis.
"Le monde que je décris est un monde qui s'en va. C'est insensé la vitesse à laquelle il change. Remarquez, ça n'a rien de nostalgique, je ne me complais pas dans le passé", expliquait-il. "Ecrire, "c'est s'empêcher de mourir".
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