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L'écrivain et académicien Michel Déon est mort
L'écrivain et académicien Michel Déon, qui fit partie du courant littéraire des "Hussards", est décédé mercredi à l'âge de 97 ans, a indiqué la secrétaire perpétuelle de l'Académie française Hélène
Carrère d'Encausse. Il est décédé mercredi d'une embolie pulmonaire, en Irlande, où il résidait, a indiqué de son côté l'éditeur Olivier Frébourg, un ami de la famille.
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"Michel Déon nous a quittés. C'est une grande perte pour l'Académie. Il en était la mémoire et la conscience. Michel Déon a eu une très longue vie académique depuis son élection en 1978 au fauteuil de Jean Rostand", a déclaré à l'AFP l'académicienne.
Homme de droite et ancien secrétaire de rédaction à L'Action française de Charles Maurras, il témoignait dans ses livres d'une grâce désenchantée et d'une nostalgie à la fois désinvolte et amère. Son nom était rattaché au mouvement des "Hussards", dont il était le dernier représentant. "Ils ont apporté la jeunesse de ce qu'on appelait les Hussards. Ils ont apporté un souffle d'imagination et de fantaisie à l'Académie", a souligné Mme Carrère d'Encausse.
Michel Déon a reçu de nombreux prix comme l'Interallié pour "Les Poneys sauvages" (1970), le grand prix du roman de l'Académie française pour "Un taxi mauve" (1973), le grand prix européen de littérature pour albums d'enfants pour "Thomas et l'infini" (1976), le prix des Maisons de la presse pour "Je vous écris d'Italie" (1984) ou le prix Giono pour l'ensemble de son œuvre (1996).
Nostalgie du bonheur
Michel Déon était le romancier du bonheur mais du bonheur perdu. Son œuvre, forte de quelque 50 fictions, pièces, chroniques de voyages et entretiens, était aussi marquée par une détestation d'un certain monde moderne. Démocrate par raison et monarchiste sans illusions, il ne détestait pas les causes perdues "parce que ce sont celles d'une minorité". "Au fond, assurait-il, je penche pour une société aristocratique."Se séparant rarement d'une casquette en tissu pied-de-poule et de vestes en tweed ou à chevrons, cet amateur de pipes et de whisky dénonçait en vrac le "droit-de-l'hommisme", la libération sexuelle, de Gaulle, l'art contemporain ou encore les philosophes qui furent "nouveaux".
"Nous allons vers un monde où il y aura de moins en moins de poneys sauvages", regrettait ce nomade sédentaire à l'incurable individualisme. "Ce qui est inquiétant pour un écrivain, avait-il imprudemment avancé un jour, c'est le succès. On ne peut s'empêcher de dire: Mon Dieu, j'ai dû écrire un mauvais livre !" Ce n'était qu'une pose car Michel Déon a eu du succès, et a été récompensés par de nombreux prix.
Sans doute le poids de la modernité lui paraissait-il moins lourd à porter à l'étranger. Il a passé une bonne partie de sa vie dans des endroits de rêve : l'île grecque de Spetsaï dans les années 60 d'abord, et le comté irlandais de Galway ensuite, une de ses "arches de Noé" auxquelles il a rendu hommage dans un livre de souvenirs portant ce titre. Là, dans leur presbytère, lui et sa femme élevaient des chevaux. Il croisait parfois Michel Houellebecq qui avait sa sympathie.
Les grandes dates de Michel Déon :
1919: naissance à Paris.1942: secrétaire de rédaction à L'Action française.
1950: "Je ne veux jamais l'oublier" (roman), prix de la ville de Nice, première récompense.
1956: conseiller littéraire chez Plon (jusqu'en 1958).
1961: collabore aux éditions de La Table ronde, chroniqueur dramatique des Nouvelles littéraires, où il succède à Gabriel Marcel.
1963: s'installe pour cinq ans en Grèce, à Spetsaï.
1969: découvre l'Irlande où il vivra à partir des années 70.
1970: prix Interallié pour "Les Poneys sauvages".
1973: grand prix du roman de l'Académie française pour "Un Taxi mauve" (mis en images par Yves Boisset, avec Charlotte Rampling, Fred Astaire et Philippe Noiret).
1978: élu à l'Académie au fauteuil de Jean Rostand.
1984: prix des Maisons de la presse pour "Je vous écris d'Italie".
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