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John Le Carré convie les lanceurs d’alerte dans sa "Vérité si délicate"

Pour son 23e roman, John Le Carré surfe sur l’actualité en s’intéressant aux lanceurs d’alerte. A l’instar de ce qu’a fait Richard Snowden, des espions sont tentés de déballer des secrets d’état. Crispation au sommet !
Article rédigé par franceinfo
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L'écrivain John  Le Carré en mai 2013 au Pays de Galles
 (Rex Features/REX/SIPA)

82 ans… et alors ? Le Carré n’est pas menacé par l’engourdissement intellectuel, cette « Vérité si délicate », tonique et rondement menée, en témoigne.

Wildlife. Nom de code d’une opération menée à Gibraltar en 2008. Objectif : débusquer et enlever un acheteur d’armes djihadiste. Un partenariat public-privé peu reluisant, construit dans la plus grande opacité, et qui ne va se passer comme prévu.

Trois ans plus tard, l’opération et ses dommages collatéraux ont été soigneusement enfouis dans les poubelles des services secrets de sa Majesté. Mais les voilà qui resurgissent, exhumés par des protagonistes rongés par le remord.

Ils sont face à nous, ces lanceurs d’alerte. Pas des héros. Pas irréprochables, oh non. Ils en ont, eux-mêmes, avalé des couleuvres, fermant les yeux sur les zones d’ombres, profitant des dédommagements et des honneurs. Pas vraiment des chevaliers blancs, mais tout de même, des citoyens qui s’interrogent, et s’arment de courage pour affronter un système près à tout pour protéger ses intérêts au nom de la raison d’état.

Le Carré tient son cap, et dose impeccablement ses ingrédients habituels : récit tendu, humour feutré, construction intelligente, tout en s’aventurant sur des terres plus contemporaines. Bien informé, comme toujours, ce roman porte un message sévère. Comme Stéphane Hessel dans d'autres domaines, Le Carré reste un homme capable de s’indigner, et le poids des années n’y change rien.

"Une vérité si délicate" de John Le Carré (Seuil) 329 pages – 21,50 €

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