À Toulouse, l'écrivain Manu Causse revient sur l'interdiction par Gérald Darmanin de son livre "Bien trop petit"

"Bien trop petit" n'est plus disponible en librairie. Ce roman pour adolescent qui parle de sexualité a été jugé "à caractère pornographique" par le ministre de l'Intérieur, qui l'a fait interdire en vertu de la loi de 1949 sur les publications jeunesse. L'auteur ne comprend toujours pas les motivations de cette décision.
Article rédigé par Marie Pujolas
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manu Causse, auteur de "Bien trop petit", à Toulouse (France 3 Midi-Pyrénées)

Loin de la frénésie et des polémiques des derniers jours, Manu Causse a fait une halte dans une librairie indépendante de Toulouse, où il vit, pour faire le point sur l'affaire qui l'a mis sur le devant de la scène. Gérald Darmanin a pris un arrêté le 17 juillet dernier pour faire interdire à la vente son ouvrage paru en septembre 2022, Bien trop petit, jugeant qu'il constitue "un contenu à caractère pornographique, présentant de ce fait un danger pour les mineurs qui pourraient l'acquérir ou le consulter". Depuis, la polémique enfle, tout comme les soutiens à l'auteur.

Rencontre avec Manu Causse, auteur de "Bien trop petit" à Toulouse
Rencontre avec Manu Causse, auteur de "Bien trop petit" à Toulouse Rencontre avec Manu Causse, auteur de "Bien trop petit" à Toulouse (France 3 Midi-Pyrénées J. Meurin / M. Beisheim / C. Lacroix / P. Bidart)

Dans les allées de cette librairie indépendante, de nombreux ouvrages pour la jeunesse, dont un rayon consacré au corps et à la sexualité. C'est ici que l'on pouvait trouver jusqu'au 17 juillet Bien trop petit, dont tous les exemplaires ont d'ailleurs été vendus.

L'histoire d'un adolescent complexé par la taille de son sexe et victime de moqueries. Publié dans la collection "L'ardeur" chez Thierry Magnier, une collection qui parle ouvertement de sexualité aux adolescents, le livre était déjà déconseillé aux moins de 15 ans, en raison de passages assez explicites.

Pour Manu Causse, cette interdiction pour cause de pornographie n'a pas de sens et est même assez hypocrite. "L'arrêté ministériel vise un certain nombre de pages qui sont des scènes pornographiques mais qui sont en fait des scènes écrites par un jeune garçon qui n'y connaît absolument rien sur le sexe, qui vient de subir un traumatisme car un de ses copains lui a fait une remarque très désagréable sur son physique, explique-t-il. Sa réaction est de se mettre à écrire une espèce de porno débridé que moi-même j'ai puisé dans les trucs que l'on pouvait lire dans les années 1980 et que l'on peut encore lire sur internet. Et c'est un travail sur l'écriture."

Vague de soutiens

Pour la libraire toulousaine Chloë Bénéteau, comme pour les nombreux soutiens de Manu Causse, la décision est incompréhensible et contre-productive. "Quel risque y a-t-il à ouvrir l'imaginaire des désirs ? s'interroge-t-elle . L'adolescence est une période où l'on s'interroge sur sa sexualité, et là tout reste ouvert, il n'y a pas de carcans."

Une censure inacceptable selon de nombreux acteurs du monde littéraire dont le prix Goncourt 2018 Nicolas Mathieu, qui a lancé une campagne de soutien sur les réseaux sociaux et même le hashtag #wheniwas 15 où il propose à tous et toutes de raconter ses premiers émois d'adolescent.

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