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Insultes antisémites contre Alain Finkielkraut : ouverture d'une enquête
Le parquet de Paris a annoncé dimanche avoir ouvert une enquête sur les injures antisémites lancées samedi à l'adresse du philosophe et académicien Alain Finkielkraut en marge d'une manifestation de "gilets jaunes". De son côté, l'intéressé a dit qu'il ne porterait pas plainte, se disant "ni victime ni héros". Un suspect a été identifié, a annoncé par ailleurs le ministre de l'Intérieur.
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Enquête ouverte et suspect identifié
L'enquête préliminaire a été ouverte pour "injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion, par parole, écrit, image ou moyen de communication électronique", a précisé le parquet. Les investigations sont confiées à la BRDP (Brigade de répression de la délinquance à la personne)."Parce que la France ne leur appartient pas, qu'elle n'est pas cette haine, une enquête a été ouverte. Un suspect, reconnu comme le principal auteur des injures, a été identifié par nos services", a indiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner dans un tweet.
https://twitter.com/CCastaner/status/1097080273026596865
Retour sur les faits
"Barre-toi, sale sioniste de merde", "grosse merde sioniste", "nous sommes le peuple", "la France, elle est à nous", avaient notamment crié plusieurs manifestants face au philosophe, poussant des policiers à s'interposer pour le protéger, selon plusieurs vidéos diffusées samedi.
L'intéressé raconte et analyse les faits
"A travers moi, ce qui est visé ce sont les juifs en tant que sionistes", a réagi Alain Finkielkraut dimanche midi sur France 2, "c'est à dire du fait de leur souci d'Israël". "C'est ça qu'on m'a reproché, au nom de la Palestine. J'ai été traité de fasciste, de grosse merde sioniste et de raciste.""Je dois dire qu'ils avaient vraiment envie d'en découdre parce que si des policiers ne s'étaient pas interposés (...), je pense que certains d'entre eux voulaient me casser la gueule. C'était une violence, malgré tout, pogromiste", a également raconté l'académicien dimanche matin sur LCI.
"Je n'ai pas vraiment eu le temps d'avoir peur" et "je ne suis ni une victime ni un héros", a précisé l'intéressé, ajoutant qu'il ne voulait pas porter plainte, comme il l'a également déclaré dans un entretien au Parisien.
"J'ai envie qu'on sache qui sont ces gens, ça, ça m'intéresse. Mais je n'aime pas rentrer dans ce genre de processus, peut-être je l'aurais fait si on m'avait cassé la gueule", a-t-il confié sur LCI. En outre, il a affirmé ne pas avoir entendu "sale juif" parmi les insultes qui lui ont été lancées.
Ces faits ont déclenché une vague d'indignation et de vives réactions au sein de la classe politique.
La position du philosophe à propos des "gilets jaunes"
M. Finkielkraut a par ailleurs justifié l'évolution de sa position à propos des "gilets jaunes", mouvement qu'il avait accueilli avec bienveillance, avant de critiquer ce qu'il est devenu.
"Je ne renie absolument pas les positions que j'ai prises. Je ne soutiens plus les manifestations, ça devient grotesque, c'est un mouvement qui ne sait plus s'arrêter. Mais il y a eu un sursaut de dignité chez des gens qu'on avait oubliés et même méprisés (...) et qui réclamaient de vivre dignement de leur travail", a-t-il expliqué.
"Je ne renie absolument pas les positions que j'ai prises. Je ne soutiens plus les manifestations, ça devient grotesque, c'est un mouvement qui ne sait plus s'arrêter. Mais il y a eu un sursaut de dignité chez des gens qu'on avait oubliés et même méprisés (...) et qui réclamaient de vivre dignement de leur travail", a-t-il expliqué.
"C'est un peu comme le Golem (créature mythique de l'histoire du judaïsme, ndlr), ces manifestations: il avance en dévastant tout", a-t-il conclu, se demandant si "nous ne sommes pas condamnés à avoir, 5 ans, 10 ans ou 15 ans de manifestations hebdomadaires".
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