"Hypérion Victimaire", l’épouvantable Martiniquais de Patrick Chamoiseau
En ce vendredi 13, le commandant de police Eloi Ephraïm Evariste Pilon entame sa dernière nuit de garde. Tout commandant qu’il est, c’est le rituel de la maison Poulaga. On confie une ultime nuit de garde à l’officier de police qui part à la retraite.
Sauf que ce soir-là, cette nuit pourrait bien être sa dernière. Car le commandant va croiser le chemin d’un tueur, doublé d’un psychopathe, un « bougre fou ». « Je ne suis personne » explique d’ailleurs l’assassin, « pour la bonne raison que je suis sans doute déjà mort en moi-même ». Et de se définir comme « un massacreur, un égorgeur de chose, un défonceur de chair, un déchireur de peaux, un briseur de vertèbres, un démanteleur de hanches, d’épaules et de cous, un écarteleur de poitrine, un dérouleur de boyaux et, parfois, en certaines circonstances, un très goulu buveur de sang ».
Tueur atypique
Le tueur est pour le moins atypique, lisant Saint-John Perse et Aimé Césaire tout en dégustant le sang de ses victimes. Mais Hypérion Victimaire, c’est son nom, tenant le commandant Evariste Pilon au bout de son pistolet en cette soirée maudite, va décider de se confier à lui, dérouler sa vie, et le sens de celle-ci. Le commandant, de son côté, sentant sa fin proche, se remémore des pans de son existence, sa famille, son travail, les tragédies de l’en-ville à Fort-de-France.
A travers cette maïeutique, cet accouchement de l’âme du tueur, et le croisement de son histoire avec celle du commandant, Patrick Chamoiseau nous entraîne dans une allégorie de la Martinique, dans son histoire, son présent, et ses dérives, avec tout son talent de conteur, de maître créole de la parole.
"Hypérion Victimaire, Martiniquais épouvantable" de Patrick Chamoiseau – Editions La Branche – février 2013 - 317 pages, 15 euros.
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