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Le nouveau Houellebecq piraté 15 jours avant sa sortie : une loi "quasiment impossible à appliquer"

Des versions pirates du dernier roman de l'auteur à succès, "Anéantir", circulent en ligne depuis le 21 décembre, avant même sa sortie. Ceux qui liraient ainsi l'ouvrage s'exposent, en théorie, à 3 ans de prison et 300 000 euros d'amende.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
L'écrivain Michel Houellebecq, le 25 avril 2019, à Paris. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Avant sa sortie en librairie, le 7 janvier, le dernier roman de Michel Houellebecq, édité par Flammarion, fait l'objet de fuites. Le texte d'Anéantir circule déjà en téléchargement illégal. Les premières pages se dégotent sans difficulté sur les réseaux sociaux. Pour l'ouvrage intégral, il est possible de le trouver, dans une version gratuite et plutôt de bonne qualité, via une messagerie connue. Anéantir semble circuler en format PDF, sous le manteau, depuis le 21 décembre. 

Ce phénomène de contrefaçon de livres existe depuis les débuts d'Internet. Michel Houellebecq en a même été victime par le passé, pour ses précédents ouvrages, Sérotonine et Soumission. De nouveau, pour Anéantir, il s'agit de versions pirates circulant en amont de la sortie de l'ouvrage. Cela rend les faits lourdement sanctionnables, jusqu'à 3 ans de prison et 300 000 euros d'amende.

En théorie seulement, car "si la loi existe, c'est quasiment impossible de l'appliquer", analyse Lorraine Gay, avocate spécialiste des droits d'auteur. Elle explique que "chaque personne qui reçoit l'œuvre contrefaite participe de l'infraction", car elle "porte atteinte au droit moral de l'auteur, à qui échappe la divulgation de son œuvre. Seul lui en a le droit." La justice n'a pas les moyens de contrôler et d'endiguer la divulgation à grande échelle d'Anéantir, en sanctionnant chaque lecteur qui a reçu et-ou partagé l'œuvre contrefaite.

Une fuite volontaire ?

On ignore si Michel Houellebecq ou son éditeur, Flammarion, ont porté plainte. La maison d'édition évoque seulement des démarches informatiques et juridiques en cours. 

Certains bloggeurs spécialisés en littérature osent poser la question : et s'il s'agissait d'une fuite volontaire pour créer le buzz ? Paulo Coelho a déjà usé de ce mode opératoire. L'auteur brésilien s'est même vanté d'avoir fait gonfler les ventes de ses livres papiers, en livrant des versions pirates sur Internet. 

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