"Georges Pompidou - Lettres, notes et portraits", l'autre visage du Président
On savait Georges Pompidou amateur éclairé d’art contemporain, esthète et bon vivant. Autant de qualités qui ont fait de lui le plus atypique des présidents de la Ve République. On découvre aujourd’hui qu’outre une intelligence supérieure, l’homme possédait des qualités littéraires exceptionnelles.. Ses écrits, lettres ou simples notes sont empreints d’une finesse et d’une acuité rares. Qu’il s’agisse de ses pensées intimes occupées en grande partie par sa femme Claude (« Rien tout au long de ma vie, ne m’a plus importé que ma femme… » Automne 1968) ou de ses souvenirs en politique, la plume du Président est d’une virtuosité indéniable.
Un grand témoin de l’Histoire
Les portraits qu’il a dressés de ses alliés ou adversaires politiques offrent un témoignage unique sur les dessous du pouvoir et plus généralement, sur l’Histoire avec un grand H.
Une histoire intimement liée à celle de Charles de Gaulle, que Pompidou a côtoyé pendant de nombreuses années. A ce sujet, il livre des anecdotes qui en disent long sur la personnalité du Général et sur les relations qu’entretenaient les deux hommes. Ainsi cette passe d’armes décrite par Pompidou. Après le putsch des généraux en Algérie la question de l’exécution du général Jouhaud est à l’ordre du jour. De Gaulle est pour. Son premier ministre s’y oppose refusant de signer le décret d’application. Extrait : « Dans ce cas il faudra me remettre votre démission. –Bien mon général. Notre dialogue s’arrêta là. Mais, à la stupeur du Général devant ma réponse, je sus que j’avais gagné. Il devait me dire plus tard : « Entre deux inconvénients, votre démission et la grâce de Jouhaud, j’ai choisi le moindre ».
Une lucidité exceptionnelle
Cette relation faite d’admiration et de respect entre un président et son premier ministre, Georges Pompidou ne l’a pas partagée avec son propre chef de gouvernement, Jacques Chaban-Delmas qu’il décrit comme narcissique et « enfantin », lui laissant le soin de tout décider et préférant soigner son « image de marque ».
Au fil des pages et des anecdotes, Georges Pompidou livre une vision, une expérience de la politique et plus généralement, de la vie pleine de lucidité et d’humour jusqu’à cette ultime boutade : moins d’une semaine avant sa mort et alors que les candidats à sa succession se disputent déjà sa dépouille, Georges Pompidou a cette petite phrase : « J’ai le ferme espoir d’embêter encore tout le monde ». Ce qui est sûr, c’est que presque 40 ans après son décès, le président Pompidou continue de passionner les foules.
"Georges Pompidou - Lettres, notes et portraits / 1928-1974" Editions Robert Laffont, 24 euros.
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