Gallimard, éditeur de Kamel Daoud, interdit au Salon du livre d'Alger
La maison d'édition Gallimard, qui publie un roman de Kamel Daoud dont le contenu est illégal en Algérie, a été priée de ne pas venir au Salon du livre d'Alger en novembre, a-t-elle indiqué jeudi 10 octobre à l'AFP. "Il nous a été interdit de venir, sans qu'on nous ait donné de raison", a précisé une porte-parole de la maison d'édition.
Jeudi après-midi, aucune confirmation ni commentaire n'a été obtenu du côté d'Alger. La 27e édition du Salon du livre d'Alger, au Palais des expositions des Pins maritimes, est programmée du 6 au 16 novembre.
Incontournable de la rentrée littéraire
Le roman phare de Gallimard lors de cette rentrée littéraire est Houris, du Franco-Algérien Kamel Daoud, fiction qui revient sur la guerre civile en Algérie, entre 1992 et 2002, également appelée "décennie noire".
Or, comme l'écrit l'auteur dans son roman, la loi algérienne interdit toute évocation dans un livre des événements sanglants de cette époque, ce qui empêche que Houris y soit publié ou même importé.
Au site internet ActuaLitté, qui avait révélé l'affaire, le PDG Antoine Gallimard a précisé que les autres maisons d'édition de son groupe, Madrigall, ne se rendraient pas non plus à ce salon, par solidarité.
Quant aux raisons de cette interdiction, "il est permis de tout imaginer, attendu que leur courrier (celui des organisateurs) ne donne pas de précisions", a commenté Antoine Gallimard.
Les éditeurs français solidaires de Gallimard
Kamel Daoud avait déploré l'interdiction de son livre en Algérie devant le public du festival littéraire Correspondances de Manosque fin septembre. Mais, relevait-il, "mon livre est lu en Algérie parce qu'il est piraté. Il n'est pas édité, malheureusement. Mais il est critiqué, il est commenté. Et, c'est un travers de notre époque, il l'est même par des gens qui ne l'ont pas lu".
L'organisation professionnelle des éditeurs français a exprimé sa solidarité avec Gallimard dans un communiqué publié jeudi. "Le Syndicat national de l'édition et ses membres regrettent vivement cette exclusion. La circulation des livres et de leurs auteurs est une préoccupation constante entre la France et l'Algérie", lit-on dans ce communiqué.
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