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Francfort : la plus grande foire du livre au monde, qui s'ouvre le 9 octobre, sera très politique
La Foire du livre de Francfort, la plus grande manifestation mondiale dans l'édition, s'ouvre mardi 9 octobre. En pleine période de "tempête" populiste en Allemagne, mais également un an après le début de l'affaire Weinstein et du mouvement #MeToo, le salon littéraire s'annonce particulièrement politique. Le mot d'ordre choisi cette année ? "Il faut qu'on parle".
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Le mot d'ordre choisi pour cette édition 2018 de la Frankfurter Buchmesse, la plus grande foire du livre au monde, promet de nouveaux débats enflammés, après une édition 2017 qui avait été placée sous le signe de la controverse suscitée par l'invitation d'un éditeur allemand d'extrême droite.
Europe, populisme, droits de l'homme
Face à l'euroscepticisme ambiant, la Foire s'ouvrira le 9 octobre par un message clairement pro-européen et un discours de Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne. Autre prise de position attendue, le président allemand Frank-Walter Steinmeier participera mercredi à un débat sur la manière de faire face au populisme "en période de tempête".La Foire s'associe en outre aux Nations unies et à Amnesty International pour célébrer le 70e anniversaire de la déclaration des droits de l'homme de l'ONU et rappeler, selon le président de la Foire, Jürgen Boos, qu'ils ne peuvent "être tenus pour acquis". La liberté d'expression dans la Russie de Vladimir Poutine, la répression des médias en Turquie et les préoccupations concernant l'État de droit et la liberté d'expression en Pologne seront aussi abordées.
#MeToo et l'Afrique également au coeur des débats
Le mouvement #MeToo, un an après les révélations sur Harvey Weinstein qui l'ont initié, et le féminisme feront l'objet d'une intervention de l'auteure américaine Meg Wolitzer. La question raciale dans l'Amérique de Donald Trump sera elle abordée par l'écrivain noir américain Paul Beatty.Signe du rayonnement croissant, selon les organisateurs, de l'industrie de l'édition sur ce continent, l'Afrique sera représentée comme jamais auparavant à cette foire, qui existe depuis plusieurs siècles. La Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, auteure de "Americanah", ou Trifonia Melibea Obono, première écrivaine de Guinée-Equatoriale à être traduite en anglais, feront le déplacement.
Extrême droite à nouveau présente mais sous contrôle
Malgré les tensions de 2017, l'extrême droite, en plein essor en Allemagne, en particulier dans les Länder de l'Est, aura une nouvelle fois voix au chapitre. Des membres du parti anti-immigration AfD, qui a fait il y a un an une entrée historique à la chambre des députés en Allemagne, feront le déplacement.Mais, veut croire Jürgen Boos, ils ne seront qu'un "mini-groupe" parmi les 7.300 exposants venus de plus de 100 pays. "Ils reçoivent beaucoup d'attention. La question est de savoir s'ils la méritent", selon lui. La manifestation s'était achevée l'an dernier par des échauffourées déclenchées par la présence d'une maison d'édition allemande connue pour ses publications anti-immigration et antisémites, Antaios. Les organisateurs avaient défendu cette invitation au nom de la liberté d'expression. "Nous permettons à toutes les opinions d'être entendues, qu'elles nous plaisent ou non", a expliqué Jürgen Boos avant le début de cette édition 2018. "Mais nous avons aussi des opinions. Et nous exprimerons notre point de vue très clairement", a-t-il assuré.
Le livre et la technologie
A côté des controverses, la Foire de Francfort présentera par ailleurs son lot d'innovations et happenings technologiques. La chanteuse virtuelle Maya Kodes s'y produira, tout comme la "cyborg activiste" espagnole Moon Ribas, qui s'est implantée un capteur sismique dans un coude pour ressentir les secousses des tremblements de terre.La Foire, où des prix seront remis aux meilleures adaptations audiovisuelles de livres, consacrera aussi une place inédite au livre audio.
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