Eric Dupond-Moretti, quand la "Bête noire" sort sa plume
Eric Dupond-Morreti fait partie de ces gens qui ne peuvent laisser indifférents. On les aime ou on les déteste. Mais force est de reconnaître qu'il a une parole qui n'appartient qu'à lui. Une parole que ce natif de Maubeuge, fils d'un père ouvrier et d'une femme de ménage a eu très tôt loquace et efficace. Car après des études d'avocat qu'il qualifie lui-même de médiocres, il est arrivé ex-aequo au concours de la Conférence du Stage, célèbre pour son épreuve d'éloquence. D'où vient sa vocation pour le métier d'avocat ? Peut-être de la mort de son grand-père en 1957, retrouvé le long d'une voie ferrée. Une mort restée inexpliquée. Plus certainement d'un déclic survenu en 1976. Il avait 15 ans alors quand il apprend l'exécution par guillotine de Christian Ranucci, condamné à mort pour l'enlèvement et l'assassinat d'une fillette à Marseille. Devenu avocat au barreau de Lille en 1984, Eric Dupond-Morreti a accédé à la célébrité en 1991, en obtenant l'acquittement de Roselyne Godard dans le procès d'Outreau. Il fut aussi l'avocat d'Yvan Colonna, de Jacques Viguier pour ne citer que les plus célèbres, et plus récemment d'un chef d'entreprise mis en cause dans l'affaire du Carlton.
On se demande souvent comment un avocat peut défendre ce qui nous paraît à nous, opinion publique, indéfendable. Au fil des interviews accordées dans les médias, on peut lire quelques phrases fortes à ce sujet. A "La Provence", Eric Dupond-Morreti rappelle qu'il "défend des hommes, pas des crimes". A "L'Express", qu'il "n'attend pas la vérité d'un homme mais une version cohérente". Et de citer cette affaire dans laquelle il défendait un braqueur qui lui jurait être innocent. L'avocat ayant consulté les photos prises par le système de vidéo surveillance, il a expliqué à son client que l'acquittement était possible, à condition que les jurés soient majoritairement aveugles. L'homme n'a pas changé d'avocat mais il a changé de version !
« Bête noire, condamné à plaider » d'Éric Dupond-Moretti et Stéphane Durand-Souffland aux Éditions Michel Lafon, 250 pages, 17,95 euros.
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