En Albanie, deux jours de deuil national en hommage à Ismaïl Kadaré, grande voix de la littérature des Balkans

Ismaïl Kadaré "est désormais sur le piédestal de l'éternité, et aucun mot ne me vient", a salué Edi Rama, Premier ministre albanais.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Ismaïl Kadaré, ici photographié à Tirana en 1986 sous le régime communiste, s'est éteint à l'âge de 88 ans lundi 1er juillet. (MICHEL SETBOUN / SIPA)

Deuil national pour l'Albanie. Le pays des Balkans rend hommage mardi 2 et mercredi 3 juillet à Ismaïl Kadaré, figure éminente de la littérature décédée lundi à 88 ans. Dans ses différentes œuvres, l'écrivain s'était servi de sa plume comme d'une arme contre les dictatures.

Pour lui rendre hommage, tous les drapeaux du pays seront en berne, a annoncé le Premier ministre albanais Edi Rama. L'hommage national à Ismaïl Kadaré a lieu mercredi 3 juillet au matin, marqué par des cérémonies à l'opéra ainsi que des marches funèbres jouées sur les antennes de la radio et télévision publiques.

"Désormais sur le piédestal de l'éternité"

Ismaïl Kadaré "est désormais sur le piédestal de l'éternité, et aucun mot ne me vient", a salué Edi Rama, rendant hommage au "plus grand monument de la culture albanaise".

"Je le remercie pour le plaisir extraordinaire [qu'il nous a offert] de voyager dans un monde d'événements, de personnages, d'émotions, qu'il a fait vivre avec l'aisance d'un magicien. Et pour l'amertume qu'il a provoquée chez les médiocres et les jaloux avec son succès retentissant", ajoute le Premier ministre de l'État balkan.

Fait commandeur de la Légion d'honneur en 2016

Publié dans des dizaines de langues, Ismaïl Kadaré a connu le succès dès les années 1970, et placé l'Albanie sur la carte littéraire mondiale de la littérature. L'œuvre de Kadaré, riche d'une centaine d'ouvrages – romans, essais, nouvelles, poèmes, pièces de théâtre, scénarios –, a été en partie écrite sous la dictature d'Hoxha, qui, jusqu'à sa mort en 1985, a dirigé d'une main de fer son pays hermétiquement clos.

Pour Ismaïl Kadaré, le joug ne pouvait être une excuse : l'écrivain a pour devoir de s'octroyer une liberté totale, d'"être au service de la liberté". "La vérité n'est pas dans les actes, mais dans mes livres qui sont un vrai testament littéraire", déclarait-il à l'AFP en 2019.

Ismaïl Kadaré est élevé au rang de grand officier de la Légion d'honneur française en octobre 2023 par le président de la République Emmanuel Macron, alors en déplacement à Tirana, capitale de l'Albanie. (LUDOVIC MARIN / AFP)

En mai 2016, l'écrivain recevait l'insigne de commandeur de la Légion d'honneur à l'Élysée, des mains de François Hollande, président de la République alors en fonction. Sept ans plus tard, en octobre 2023, Emmanuel Macron l'a décoré au rang de grand officier de la Légion d'honneur, alors qu'il se déplaçait à Tirana, capitale albanaise. 

Le grand auteur s'est éteint sans jamais recevoir de Nobel de littérature, un prix pour lequel il avait été pourtant pressenti à de nombreuses reprises.

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