Dominique Bona reçue à l'Académie française
Haie de gardes républicains au garde-à-vous, parterre d'académiciens en habit vert, famille et amis invités ont accueilli en grande pompe Dominique Bona dans l'enceinte de l'Académie.
"Madame, quel bonheur de prononcer ce mot !"
"Madame, quel bonheur de prononcer ce mot pour accueillir un nouveau membre sous la Coupole !", s'est félicité l'écrivain et diplomate Jean-Christophe Rufin, chargé de brosser le portait de la nouvelle académicienne, élue le 18 avril 2013.
Selon la tradition, Dominique Bona a fait l'éloge de son prédécesseur au fauteuil 33, Michel Mohrt, disparu en 2011 : "C'est un grand privilège d'être élue à l'Académie française. Un grand privilège auquel s'ajoute le bonheur d'avoir à prononcer l'éloge d'un écrivain que l'on aime et que l'on admire."
Élue à l'Académie française le 18 avril 2013, Dominique Bona, romancière, biographe et chroniqueuse de 61 ans, siège désormais au fauteuil 33 qui fut aussi celui de Voltaire.
Née le 29 juillet 1953 à Perpignan dans une famille catalane, agrégée de lettres modernes et récompensée par de nombreux prix littéraires, elle est la fille de l'écrivain et journaliste Arthur Conte, président de la défunte ORTF, à l'époque où cette maison régnait sur un audiovisuel exclusivement public.
Un costume et une épée féminisée
"Ma robe a été dessinée par Karl Lagerfeld. Sans ornements inutiles, elle est sobre, très fluide et féminine. Les broderies sont de Lesage", a confié à l'AFP Dominique Bona. Le vêtement "respecte aussi la tradition avec une veste à col officier, une martingale dans le dos... Mais Karl Lagerfeld en a féminisé la ligne", ajoute celle qui a consacré une grande partie de son oeuvre à des femmes d'exception.
De même son épée, offerte par sa famille et ses amis, est féminine, comme un bijou. Dépouillée, contemporaine et précieuse, elle a été confectionnée par Origine Ateliers, des artisans joailliers de Biarritz. "Ces artistes ont comme moi des origines catalanes."
Les femmes et les prélats peuvent être dispensés du port de l'épée. "Mais c'est un beau symbole du noble combat de l'Académie au service de la langue française, menacée par l'hégémonie de l'anglais et peut-être bientôt par le chinois, le russe..."
Six académiciennes
Six femmes siègent à l'Académie désormais, avec l'arrivée de Dominique Bona : Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie, élue en 1990, Florence Delay élue en 2000, Assia Djebar en 2005, Simone Veil en 2008 et DanièleSallenave en 2011.
"C'est peu, reconnaît-elle, nous sommes loin de la parité. Mais je ne suis pas favorable à la discrimination positive, ni aux quotas. Cela me paraît absurde, voire contre-productif. Et pour être élue, encore faut-il poser sa candidature !"
Dominique Bona a prononcé jeudi l'éloge de Michel Mohrt, son prédécesseur mort en 2011, à 97 ans. La nouvelle Immortelle a été accueillie par l'écrivain et diplomate Jean-Christophe Rufin, élu en 2008, chargé de brosser le portait de sa nouvelle consoeur et de parler de son oeuvre.
Chroniqueuse, romancière, biographe et essayiste
Critique au "Figaro littéraire" de 1985 à 2004, Dominique Bona publie chaque mois son "coup de coeur" littéraire dans le supplément féminin du JDD. Elle a également travaillé à France Inter et France Culture.
Auteur de plusieurs romans tels "Les Heures volées", "Le Manuscrit de Port-Ebène", prix Renaudot 1988, "Malika", prix Interallié 1992, c'est aussi une biographe de renom, Grand Prix de la biographie de l'Académie française pour "Romain Gary" et Bourse Goncourt de la biographie pour "Berthe Morisot". On lui doit aussi "Camille et Paul", sur le frère et la soeur Claudel, ainsi qu'un texte sur l'écrivain Stefan Zweig.
Après elle, Dany Laferrière, élu en 2013, Alain Finkielkraut et Marc Lambron, élus cette année, seront reçus sous la Coupole dans quelques mois.
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