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Le sociologue Didier Eribon quitte les éditions Fayard, à l'instar de Virginie Grimaldi et Jacques Attali

Après Virginie Grimaldi, Jacques Attali ou encore Victor Castanet, le sociologue Didier Eribon quitte lui aussi la maison d'édition Fayard, en raison de ses "inquiétudes" concernant le récent changement de direction.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'auteur Didier Eribon à Francfort en octobre 2017.  (JAN HAAS / PICTURE ALLIANCE)

Nouveau départ chez Fayard après la nomination d'Isabelle Saporta à la tête de cette maison d'édition : le sociologue Didier Eribon a annoncé sur Twitter quitter cet éditeur où il publiait ses livres depuis 1994. "Considérant que les conditions dans lesquelles a été nommée la nouvelle directrice des Éditions Fayard sont de nature à susciter l'inquiétude quant aux orientations et à l'indépendance de cette maison, j'ai décidé de quitter Fayard", écrit-il.

Depuis l'annonce le 13 juin de la nomination d'Isabelle Saporta pour remplacer Sophie de Closets, partie en mars et qui était restée huit ans la patronne de cette maison réputée fondée en 1857, les départs se multiplient. Ils interviennent alors que la maison-mère des éditions Fayard, Hachette, est en train de passer sous le contrôle de Vivendi, le groupe du milliardaire Vincent Bolloré.

Des départs en masse

La romancière à succès Virginie Grimaldi a initié le mouvement en claquant la porte de Fayard le 14 juin. Elle a été suivie par l'essayiste et romancier Jacques Attali.  "Sophie de Closets n'est pas partie de son plein gré de Fayard", a-t-il affirmé. Pour lui, le choix a été simple. "J'étais arrivé chez Fayard en suivant Claude Durand qui est devenu mon meilleur ami. J'ai ensuite été très heureux de l'arrivée de Sophie. Je la suivrai où qu'elle aille", a-t-il expliqué.

Les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, auteurs d'enquêtes remarquées sur le monde politique, ont également décidé de partir.  "Notre indépendance éditoriale, qui nous est si chère et a toujours été totale, est clairement menacée", ont écrit les deux hommes dans une lettre recommandée à leur nouvelle directrice. Les deux journalistes n'ont surtout pas supporté la sympathie d'Isabelle Saporta pour l'ancien président Nicolas Sarkozy, objet de plusieurs de leurs ouvrages, qui les accuse d'avoir rémunéré des sources. "C'est totalement faux. Et Isabelle Saporta nous a gravement mis en cause en colportant cette rumeur. Certaines ont la vie dure, à partir du moment où on les entretient", a déclaré Fabrice Lhomme.

A cette liste s'ajoute le départ du journaliste Victor Castanet, auteur d'une enquête récente sur les Ehpad du groupe Orpea, Les Fossoyeurs. "Avec Sophie de Closets, j'ai vu à quel point l'indépendance d'une directrice d'une maison d'édition était importante. Or, Isabelle Saporta défend la thèse de Nicolas Sarkozy sur Gérard Davet et Fabrice Lhomme sans aucune preuve. C'est un signal terrible pour les journalistes d'investigation qui publient dans cette maison", a-t-il estimé. Selon le quotidien Le Monde , les philosophes Alain Badiou et Barbara Cassin ont également quitté la maison, où ils dirigeaient une collection.

"L'indépendance est mon honneur"

Sur le site internet de L'Obs jeudi 16 juin , Isabelle Saporta s'est défendue face à cette crainte. "L'indépendance est mon honneur et c'est surtout une exigence essentielle de nos auteurs", a-t-elle déclaré. Elle a aussi démenti toute volonté d'ingérence de Vicent Bolloré au sein de Fayard. "Ce que je constate, c'est que le groupe Hachette a porté une journaliste d'investigation de gauche, écologiste, avec une voix libre, à la tête d'un joyau du groupe", a-t-elle souligné.

Selon plusieurs sources dans le secteur de l'édition, Sophie de Closets attend de prendre la tête des éditions Flammarion, privées de patron depuis la démission en janvier d'Anna Pavlowitch. Flammarion ne commente pas.

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