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De retour de Syrie, l'écrivain Jonathan Littell témoigne

L'écrivain franco-américain, prix Goncourt 2006 pour "Les Bienveillantes" (Gallimard), s'est rendu en Syrie en janvier et doit publier cette semaine un "carnet de guerre" dans Le Monde. Lundi matin, sur France Inter, il a dénoncé "la politique quotidienne de meurtre" dont est victime la population civile de Homs
Article rédigé par franceinfo - Laure Narlian (avec AFP)
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Jonathan Littell, l'auteur de "Les Bienveillantes", Goncourt 2006
 (Anne-Christine Poujoulat / AFP)

"Je suis parti le 2 février et les bombardements intensifs ont commencé le 3, mais déjà dans toute cette période, les deux semaines et demie qu'on a passées ...ce qu'on voyait c'était une politique quotidienne de meurtre, d'assassinat de gens, par le biais de snipers et de bombardements plus sporadiques qui vise à punir les quartiers soulevés", a déclaré Jonathan Littell, qui a déjà une expérience de zones de guerre pour "Le Monde" et en tant qu'humanitaire.

"Une politique de meurtres de la population civile à petit feu"
Les forces syriennes et le régime de Bachar al-Assad "ne cherchent pas à tuer toute la population mais ils tuent quotidiennement des dizaines de personnes, des femmes et des enfants aussi, dans ces quartiers qui ont osé s'opposer au pouvoir", a-t-il ajouté en soulignant qu'il n'avait pas vu "de telles exactions" depuis la Bosnie, il y a près de 17 ans.

Il a cité le cas d'un père, ayant dû signer devant les autorités "un papier certifiant que son fils (âgé de 10 ans) avait été tué par des terroristes", pour pouvoir récupérer le corps de ce dernier et l'enterrer, alors qu'il avait "été tué en fait par un sniper de l'armée régulière".

Difficultés majeures pour les médecins
L'écrivain a également insisté sur les difficultés "majeures" des médecins et des infirmiers. "C'est vraiment une guerre du régime contre l'aide médicale car tout médecin, infirmier qui prête assistance à un blessé est susceptible d'être arrêté et torturé, voire exécuté", a-t-il dit.

"Les blessés eux-mêmes, s'ils ont le malheur de tomber soit sur un barrage gouvernemental, soit pendant un raid des forces de sécurité dans une clinique, ils sont arrêtés quel que soit leur état. J'ai interviewé des gens qui étaient torturés alors qu'ils étaient blessés, notamment un homme qui avait la jambe à moitié arrachée qui a fini par perdre sa jambe...", a-t-il encore dit.

Pour la nourriture, les produits de première necessité rentrent à Homs mais "les prix sont extrêmement élevés", a-t-il ajouté. Pour le chauffage, "c'est très dur". Quant aux écoles, elles sont fermées et les élèves "sont en train de perdre toute leur année scolaire".

Jonathan Littell a enfin souligné que le peuple continue de "résister" en manifestant quotidiennement pour demander le départ de Bachar al-Assad.

Réécoutez l'intervention de Jonathan Littell sur France Inter du lundi 13 février 

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