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Critiques, pression, dépression : le revers de la médaille du Prix Goncourt

C'est le plus prestigieux des prix littéraires, le prix Goncourt, aujourd'hui attribué à Eric Vuillard pour "L'ordre du jour" chez Actes sud. Pour le vainqueur, c'est l'assurance de ventes record et d'une grande notoriété. Mais cela peut aussi être un piège, une pression difficile à gérer. Certains auteurs ne s'en sont jamais vraiment remis.
Article rédigé par franceinfo
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Frédérick Tristan prix Goncourt 1983 pour "Les égarés"
 (France 3 / Culturebox)

C’est le graal, la consécration, un rêve pour de nombreux écrivains. Et pourtant, obtenir le plus prestigieux des prix littéraires peut vite tourner au cauchemar pour qui ne résisterait pas au cirque médiatique et commercial. Décrocher le Goncourt, c’est l’assurance de vendre entre 200 000 et 500 000 exemplaires de son ouvrage. C’est aussi une énorme pression, difficile à gérer pour des auteurs pas préparés à cela.

Parmi eux, Frédérick Tristan. Il a obtenu le Goncourt à la surprise générale en 1983 pour son roman "Les Égarés". Après la joie, l’auteur que les médias n’avaient pas vu venir, a dû faire face à une avalanche de critiques, et a vu certains de ses lecteurs fidèles s’interroger sur les conséquences sur son œuvre future. Mais il a joué le jeu. Un moment qu’il qualifie d’un peu irréel, et qui durera un an avant qu’il ne retrouve calme et sérénité.
 
Reportage : A. Chopin / G. Le Goff / D. Turpin / N. Requille

Le calvaire de Carrière

Comment se réinventer après cette consécration ? Écrire quoi après ?  Jean Carrière lui ne s’est jamais vraiment remis du Goncourt qu’il avait obtenu en 1972 pour "L'Épervier de Maheux". Mort en 2005, il publiait quelques années plus tôt "Le prix d’un Goncourt", l’histoire de son calvaire. Il ne supporta ni la pression médiatique, ni l’oubli dans lequel il retombera après, et sombrera dans une profonde dépression durant 15 ans, n’arrivant plus à écrire.
 
Pascal Lainé auréolé du Goncourt en 1974 pour "Les Dentellières", après avoir reçu le Médicis trois plus tôt pour "L’Irrévolution", a lui aussi écrit le sujet. Lassé qu’on le ramène toujours à son prix, il a publié en 2000 "Sacré Goncourt !".

Ça ressemble plutôt à l’élection d’une Miss. Vous êtes la Miss, et c’est terriblement vulgaire. Et tout ce qui se passe autour, vous vous dîtes c’est pour la bonne cause, je vais gagner du pognon, et effectivement… Mais est-ce une justification suffisante ? Je ne sais pas.

Pascal Lainé, Goncourt 74  

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