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Claude Imbert, journaliste, fondateur du Point et écrivain, est mort
Figure emblématique du journalisme français, fondateur du magazine d'information "Le Point" en 1972, Claude Imbert est décédé dans la nuit de mardi à mercredi, a annoncé l'hebdomadaire sur son site Internet. Passionné de politique, il refusait de poser sa plume et continuait inlassablement de livrer des éditoriaux au journal, né de son départ de L'"Express".
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La grande affaire de sa vie
La rédaction du Point (...) se souvient de tout ce qu'elle doit à ce journaliste hors pair dont la bonne humeur et l'intelligence humaine et éditoriale nous manquent déjà", stipule le communiqué.Le journaliste avait fondé Le Point en 1972 après avoir quitté L'Express pour son désaccord avec la ligne éditoriale de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Il était parti d'abord brièvement à Paris Match, avant de fonder l'hebdomadaire avec d'autres journalistes également passés par L'Express comme le critique de cinéma Pierre Billard, décédé il y a une dizaine de jours. L'idée était de s'inspirer du succès outre-Atlantique des news magazines Time et Newsweek.
Au Point - la grande affaire de sa vie -, Claude Imbert a été, pendant près de trente ans, le garant et l'incarnation de la ligne éditoriale du magazine conservateur, maintenant la barre malgré les nombreux actionnaires qu'a connu le titre. l a été successivement directeur de la rédaction puis directeur général du Point, avant de laisser les rênes en 2000 à Franz-Olivier Giesbert.
"J'ai la conviction que les journaux ne peuvent progresser que s'ils affirment une identité forte", disait-il au Figaro à l'occasion des 25 ans de son journal.
"Il a porté sur les fonts baptismaux le journal et a défini des règles éditoriales qui, plus de 40 ans plus tard, restent d'une permanente modernité", estime Le Point.
Hommage unanime
François Hollande a salué mercredi "un grand journaliste et un homme de grande culture". "Esprit libre, ouvert au débat, il a toujours veillé à l'indépendance des rédactions qu'il a animées, tout en défendant ses idées et sa conception du monde", a commenté le président de la république dans un communiqué."Nul mieux que lui n'aura incarné le journalisme français dans ce qu'il a de meilleur : rigueur d'analyse, clairvoyance, indépendance et audace", a réagi mercredi matin François Pinault, propriétaire du Point.
"A l'heure où l'indépendance des médias est au cœur des enjeux démocratiques, Claude Imbert incarnait cette passion pour l'information rigoureuse et le journalisme exigeant", a estimé la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, dans son message de condoléances.
Cet "esprit libre (...) n'a jamais oublié de rester lyrique, voire provocateur", estimait pour sa part son successeur, Franz-Olivier Giesbert.
Procès en sorcellerie
Claude Imbert s'était retrouvé au cœur d'une polémique en 2003 en se déclarant "un peu islamophobe". Des propos qui avaient été vivement condamnés par le Parti socialiste et des associations antiracistes.Dénonçant un "procès en sorcellerie", l'éditorialiste avait persisté en se définissant comme un défenseur de l'immigration, critique face à la religion musulmane, "une sorte de contradiction permanente à la modernité".
Né en 1929 dans l'Aveyron, Claude Imbert avait commencé sa carrière à l'âge de 20 ans à l'AFP, où il a été tour à tour grand reporter en Afrique, rédacteur en chef puis chef du service politique. En 1964, il intégrait la rédaction de L'Express.
Fin gastronome, il a aussi été président puis administrateur de Gault et Millau de novembre 1992 à mars 1997.
Amateur d'art africain et mélomane averti, Claude Imbert pratiquait le violon et collectionnait les autographes de compositeurs et chanteurs lyriques. Pétri de littérature et de culture grecque, il fut également l'auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels "Ce que je crois", "Par bonheur" et "Le Tombeau d'Aurélien".
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