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Charlie : la veuve d'une victime porte plainte pour "abus de confiance"

La veuve de Michel Renaud, tué dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, a porté plainte contre la direction du journal satirique pour "abus de confiance aggravé", contestant l'affectation des millions d'euros engrangés par le titre après la tuerie.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Michel Renaud (dernier à droite), tué dans la fusillade à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
 (Annie-Christine Poujoulat /AFP)

La plaignante évoque une promesse non tenue

Adressée le 8 juin au procureur de la République de Paris, la plainte de Gala Renaud, évoquée samedi par le quotidien régional La Montagne, vise le nouveau codirecteur de publication Laurent Sourisseau alias Riss, blessé à l'épaule lors de l'attentat, et l'association "Les amis de Charlie Hebdo", qui a collecté les dons versés au journal après la tuerie, pour "complicité".
 
Selon Mme Renaud, la promesse de l'ancien directeur du journal Philippe Val, dans les jours qui ont suivi l'attaque des frères Kouachi, d'attribuer aux familles des victimes les recettes du numéro post-attentat - estimées entre 10 et 12 millions d'euros - n'a pas été tenue. Cette plainte est "moralement justifiée et juridiquement fondée", selon son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie.

Journaliste et grand voyageur, Michel Renaud avait fondé le festival du Carnet de Voyage de Clermont-Ferrand. Le jour de la tuerie à Charlie Hebdo, il était venu rendre des dessins à Cabu qui était à l'honneur de la précédente édition du festival. Il a été tué dans la fusillade des frères Kouachi qui a fait 12 morts et onze blessés le 7 janvier 2015.

Le journal aurait fait selon elle volte-face après la vente du "numéro des survivants"

"Quelques jours après la publication et la vente du +numéro des survivants+ (titré +Tout est pardonné+ et vendu à plus de sept millions d'exemplaires, NDLR), le journal Charlie Hebdo fera volte-face et changera radicalement de stratégie, revenant sur ses engagements initiaux de distribution des recettes aux victimes, pourtant largement relayés par la presse", écrit Mme Renaud dans la plainte. 
 
"Ainsi, Monsieur Éric Portheault et Monsieur Laurent Sourisseau dit Riss, les nouveaux directeurs de la publication, décidaient finalement de conserver les recettes", ajoute-t-elle.
 
Mme Renaud et sa fille mineure ont touché, en mars, un total de 141.000 euros d'indemnités via l'association "Les amis de Charlie Hebdo", sur les 4,1 millions d'euros de dons au journal collectés après la tuerie.

La réponse de l'avocat du journal

Au moment des attentats, "Philippe Val n'était plus directeur de la publication depuis 10 ans et il ne pouvait pas prendre d'engagement ou annoncer quoi que ce soit au nom de Charlie Hebdo", rétorque l'avocat du journal, Me Christophe Thévenet, interrogé par l'AFP.
 
"Très clairement, Riss et Éric Portheault n'ont jamais annoncé que les produits de la vente du +numéro des survivants+ seraient versés à leurs proches", ajoute-t-il. "Tout a été fait dans la transparence", souligne Me Thévenet en évoquant la mise en place, deux jours après la tuerie, d'une plateforme de dons supervisée par un comité de trois hauts-fonctionnaires.
 
Ce "Comité des Sages" avait établi une grille de répartition des indemnités pour les blessés et les proches des 17 victimes tuées dans les attentats de janvier 2015, dont 12 dans les locaux du journal satirique.

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