Cet article date de plus de six ans.
Centenaire du 11 novembre : l'écrivain Maurice Genevoix va entrer au Panthéon
Dans le cadre de son "itinérance mémorielle" à l’occasion des commémorations de l’Armistice du 11 novembre 1918, Emmanuel Macron a annoncé le 6 novembre aux Eparges (Meuse), théâtre de combats dantesques en 1915, que le romancier Maurice Genevoix, grièvement blessé dans cette bataille et qui a écrit "Ceux de 14", allait entrer au Panthéon.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Maurice Genevoix dont la vocation littéraire est née dans les tranchées de la Grande Guerre, a immortalisé la mémoire des poilus dans son remarquable récit "Ceux de 14".
Témoignages de guerre
En août 1914, à la mobilisation générale, Maurice Genevoix qui connaît bien l'Allemagne, est élève à l'Ecole normale supérieure. Incorporé comme sous-lieutenant au 106e régiment d'infanterie, il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun. Promu lieutenant, il vit le quotidien du fantassin, la boue, le sang, les orages d'acier, toute cette "farce démente". Le 25 avril 1915, il est grièvement blessé sur la côte des Eparges, un village de la Meuse surmonté d'une colline stratégique qui va engloutir 12.000 hommes en quatre mois.Hospitalisé pendant sept mois, le jeune homme de 24 ans commence à écrire à partir de notes consignées dans les tranchées. En 1916, il publie "Sous Verdun", un récit dont le réalisme lui vaut d'être largement censuré. Suivront "Nuits de guerre" (1917), "Au seuil des guitounes" (1918), "La boue" (1921) et "Les Eparges" (1923) réunis sous le titre "Ceux de 14" en 1949.
"Ce que nous avons fait, c'est plus qu'on ne pouvait demander à des hommes, et nous l'avons fait", écrit-il dans ce magistral témoignage, dénué de toute analyse subversive. Invalide à 70%, il est réformé. Son corps n'oubliera jamais la ligne de feu meusienne et ses nuits, témoignera sa seconde femme Suzanne, en resteront hantées.
Ecrivain en Val de Loire
Né le 29 novembre 1890 à Decize (Nièvre), "petite ville en Loire assise", c'est au Val de Loire que Maurice Genevoix appartient. "Je tiens plus que jamais comme un grand privilège d'avoir passé toute mon enfance dans une petite ville française d'avant 1914", expliquait-il faisant allusion à Châteauneuf-sur-Loire où il grandit. Puis c'est à Orléans qu'il suit son secondaire en brillant élève, déjà avide de s'exprimer. Il y perd sa mère à 12 ans.Après la guerre, il retourne "avec ivresse" à Châteauneuf et y célèbre dans son premier roman, "Rémi des Rauches" (1922), la Loire, "miroir des clairs de lune et des nuits pleines d'étoiles".
Il écrira des dizaines d'hymnes aux habitants de la Sologne, aux bêtes de la forêt, aux eaux du fleuve et des étangs : "Raboliot", "La boîte à pêche" (1926), "Rroû" (1931), "La forêt perdue" (1968). Auteur d'une série de bestiaires de 1968 à 1971, le flâneur de Loire, qui s'est installé entre-temps dans le hameau de la Vernelle, est également un excellent écrivain animalier.
A sa mort le 8 septembre 1980, le président Giscard d'Estaing salue "le premier de nos écologistes".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.