Berlin : les cent ans du mythique studio de cinéma Babelsberg
Il a survécu au nazisme, au communisme et profite aujourd'hui de son statut légendaire pour attirer des fans comme Quentin Tarantino et damer le pion à ses concurrents à Londres, Prague ou Budapest.
Marlène Dietrich y a fait ses débuts, le chef d'oeuvre de science-fiction "Metropolis" y a pris son envol en 1926 et Hitchcock y a appris les ficelles du métier comme assistant réalisateur.
Du haut de ses cent ans (le 12 février), Babelsberg contemple son passé glorieux. Il regarde aussi sereinement vers un avenir qui doit y voir se succéder les productions renommées.
Tarantino, Tom Hanks : Babelsberg chouchou des stars
"Tous les gens d'Hollywood disent "quelle histoire, c'est un honneur de travailler ici", que ce soit Tom Hanks ou Tarantino qui connaît bien sûr tous les films réalisés ici", déclare Eike Wolf, responsable de la communication de Babelsberg, lors d'une visite du studio, à quelques jours de l'anniversaire.
Tom Hanks vient d'y tourner "Cloud Atlas" d'après le best seller de David Mitchell, avec Halle Barry et Susan Sarandon.
Tarantino y a reconstruit un cinéma parisien d'autrefois pour le seul plaisir de le faire exploser, avec Hitler à l'intérieur, à la fin de "Inglourious Basterds" et Clive Owen a transformé en gruyère une réplique du musée Guggenheim de New York dans une scène de fusillade de "L'enquête".
"Berlin est très intéressant pour les types créatifs et c'est bien plus abordable que Londres", explique le patron du studio, Charlie Woebcken.
Une brochette de stars, plusieurs expositions et livres sont attendus pour célébrer ce jour de février 1912 qui a marqué le début de "Totentanz" (Danse de mort), le premier film jamais tourné à Babelsberg.
La Berlinale (9-19 février) projettera une rétrospective et des évènements sont prévus dans les mois qui viennent à Cannes, Los Angeles, New York et Londres.
Babelsberg au fil de l'histoire allemande : du IIIème Reiche à la chute du mur de Berlin
"Aujourd'hui, dans le studio Marlène Dietrich, il y a encore du parquet sur lequel elle a posé le pied", s'enthousiasme Charlie Woebcken. "On l'a conservé tel quel pour garder ce parfum d'histoire".
En prenant les rênes du studio, Joseph Goebbels, ministre de la propagande du IIIe Reich, sonne la fin de son âge d'or, le transformant en usine à films ressassant la propagande antisémite du régime, à l'image du "Juif Süss".
Après la guerre, Babelsberg, sous contrôle des communistes, hérite d'un nouveau surnom: "Honnywood" en référence au leader de la RDA, Erich Honecker.
A la chute du Mur, le studio se découvre d'autres fonctions avant d'opérer en 2004 un spectaculaire retour sur le devant de la scène sous la direction de Woebcken et de son partenaire Christoph Fisser.
"Nous sommes en permanence confrontés à notre propre histoire car d'un certain côté, le cinéma est le média le plus à même de nous réconcilier avec elle, c'est une question toujours prégnante en Allemagne", explique Woebcken.
A cent ans, Babelsberg a encore de l'avenir
Babelsberg, ce sont 25.000 mètres carrés d'espaces de tournage et plus de 3.000 films, dont "Le Pianiste", "Le Liseur" ou encore tout récemment "Poulet aux prunes".
Son département des costumes mis à l'honneur par une récente nomination aux Oscars pour "Anonymous", le film de Roland Emmerich sur Shakespeare, a des allures de caverne d'Ali Baba, aux trésors vestimentaires de toutes époques.
Et s'il conserve cette alchimie associant passé illustre et savoir-faire réputé, Babelsberg pourra tracer sa route au cours du prochain siècle, espère Charlie Woebcken, souhaitant le voir "épargné par les troubles qui ont secoué le précédent".
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