Sempé dévoile la brutalité de sa jeunesse, dans un magnifique album "Enfances"

Il nous a si bien parlé de l’enfance, qu’on imaginait que la sienne devait ressembler à celle du petit Nicolas.
Dans son magnifique album « Enfances », illustré de nombreux dessins, anciens ou récents, Sempé, l’enfant inconsolé, se confie à Marc Lecarpentier : « Mon enfance n’a pas été follement gaie. Elle était même lugubre et un peu tragique... moi tout ce que je recevais c’étaient des torgnoles ! » .
La vie de petit bordelais de Sempé se résume à un père adoptif qu’il adore mais qui rentrait à la maison «  un peu éméché », une mère marâtre, et des déménagements
incessants « parce qu’on ne pouvait pas payer le loyer ». Le petit Sempé apprend alors à mentir comme un arracheur de dents, à s’inventer une autre vie parce qu’il avait honte de la réalité, à s’instruire grâce à la radio et aux journaux.

« J’ai eu envie de dessiner des gens heureux »

« Je me demande encore comment j’ai réussi à survivre à ces moments, ça été
un miracle », se souvient Sempé.
Miracle ... lorsqu’à 12 ans il a eu « envie de dessiner des gens heureux ». Des dessins humoristiques et intemporels, d’où ressortent une sensation extraordinaire de mouvement et d’insouciance, lui qui croit ne jamais l’avoir été.
« Enfances », une confession pudique, au bord du rire, au bord des larmes. Le très joli cadeau d’un jeune homme de 76 ans, qui dit être resté infantile, optimiste et inquiet.

« Enfances » avec Marc Lecarpentier, éd Denoël-MartineGossieux, 316 pages, 42 euros.
« Sempé, un peu de Paris et d’ailleurs», exposition à l’Hôtel de Ville de Paris du 21 octobre au 11 février 2012.
« Sempé, dessinateur d’humour », documentaire de Marc Lecarpentier,
diffusion le 25 novembre sur France5