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« Cinéma et peinture » : deux arts en miroir

Une confusion persiste dans les esprits concernant l’approche du cinéma. Souvent défini comme le prolongement de la photographie et du théâtre, ne renvoie-t-il pas plutôt à un rapprochement entre la peinture et le roman ? C’est l’influence de la première sur le septième art que s’est penchée Joëlle Moulin dans « Peinture et Cinéma » aux éditions Citadelles & Mazenod.
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
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Publié
Temps de lecture : 2min
"Cinéma et peinture" de Joëlle Moulin
 (Editions Citadelle & Mazenod)

L’impressionnisme des Lumière
Si le cinématographe Lumière constitue avant tout une invention technologique à la fin du XIXe siècle dérivée de la photographie, l’influence de la peinture s’est naturellement invitée dès la réalisation des premières images animées. Au regard des sujets filmés par ceux qui ont inventé ce qui quelque années plus tard deviendrait un art, il est frappant de constater leur rapport avec la peinture impressionniste.

Parties de carte, réunions familiales ou amicales sous la tonnelle,  marines, chemin de fer… constituent des sujets, filmés par les Lumière, inspirés par les tableaux qu’ils aiment, signés Renoir, Monet ou Pissaro. Si le cinéma était encore en noir et blanc et que l’impressionnisme galvanise la couleur, il trouve des équivalences dans la lumière réfractée par le feuillage d’un arbre, le reflet des vagues sur la côte d’opale, ou le panache des trains à vapeur.

Cette déduction va perdurer jusqu’à nos jours, d’Alfred Hitchcock à David Lynch, d’Orson Welles à Reiner Werner Fassbinder, qui ont trouvé dans la peinture une source d’inspiration déterminante dans leurs films.

"Barry Lyndon" (1975) de Stanley Kubrick
 (Warner Bros. France )

Images miroir
Docteur en histoire de l’art  et du cinéma, Joëlle Moulin aborde l’équation sous des angles multiples. Elle se penche en ouverture sur l’exemple de Vincent Van Gogh, traitée sur le plan biographique par Minnelli et Pialat ou la reconstitution de toiles démesurément agrandies et animés à l’écran chez Kurosawa dans « Rêves ».

Joëlle Moulin revisite les cinéastes par l’influence des peintres sur leurs œuvres : Carpaccio dans Othello de Welles, Gainsborough dans Barry Lyndon de Kubrick, l’expressionnisme allemand… à l’aide d’une splendide iconographie fournie, dont les parallèles éclatent aux yeux. Un atout majeur qui se reflète dans tout l’ouvrage.

Le rôle des tableaux dans les films, décor révélateur des personnages ; le cas Edward Hooper, inspirateur d'une Amérique moderne et désenchantée ; les analogies des motifs en peinture et au cinéma ; autant de thèmes qui argumentent un sujet riche et foisonnant, prétexte à l’exposition d’images en miroir et une analyse pertinente, originale et iconoclaste à plus d’un titre.

Cinéma et peinture Joëlle Moulin (Editions Citadelles & Mazenod)
240 pages Format :  24 x 32 cm relié avec jaquette transparente - 69 euros

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