Anne Pingeot : "Je ne sais pas si j'ai bien fait" de publier les lettres de François Mitterrand

Après la publication aux éditions Gallimard de l'ensemble des correspondances que l'ancien chef de l'Etat lui a adressées de 1962 à 1995, Anne Pingeot s'est confiée à l'historien Jean-Noël Jeanneney dans l'émission A voix nue, sur France Culture, diffusée à partir de lundi 17 octobre. "Je ne sais pas si j'ai bien fait", s'est-elle interrogée à son micro. C'est la première et unique fois qu'Anne Pingeot s'explique sur la publication de ces lettres.

Anne Pingeot s'est laissée convaincre pour marquer le centenaire Mitterrand

L'historien Jean-Noël Jeanneney, également producteur de France Culture et ancien secrétaire d'État de François Mitterrand, est à l'origine de cette publication, comme l'a expliqué Anne Pingeot : "Je ne sais pas si j'ai bien fait. Je ne sais pas. Tout a commencé par la lettre officielle que vous avez écrite avec Hubert Védrine, le président de l'Institut François-Mitterrand, il y a deux ou trois ans, en demandant si je n'avais pas des lettres pour célébrer l'anniversaire des 100 ans", a-t-elle rappelé.

J'ai rouvert une correspondance qui a commencé il y a plus d'un demi-siècle. Et puis je l'ai transcrite, ce qui était à la fois une épreuve et une façon étonnante de revivre... ma vie.

Anne Pingeot, ex-conservatrice du musée d'Orsay, a insisté sur l'amicale responsabilité de l'historien Jean-Noël Jeanneney : "Je vous ai demandé conseil imprudemment car, en tant qu'historien, tout document 'pur', si on peut dire, a beaucoup de valeur. Et vous m'avez convaincue qu'il fallait publier. J'ai suivi votre conseil. Vous êtes très coupable dans l'histoire ! Vous m'auriez dit qu'il ne fallait pas, je ne publiais pas."

François Mitterrand, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance et le 20e anniversaire de la mort, a entretenu une longue et clandestine histoire d'amour avec Anne Pingeot. Ce n'est qu'en novembre 1994 que les Français découvrent leur liaison, lorsque Paris Match publie des photos du président avec leur fille Mazarine, née en 1974. Selon Anne Pingeot, François Mitterrand "savait que je conservais tout, par métier et par nature. Mais est-ce qu'il voulait que ce soit publié ? Toujours, je me pose la question. J'hésite. Tantôt je pense que oui, tantôt je pense que non", a-t-elle ajouté.