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"Il y avait cette espèce de complaisance" : l'éditeur Denis Tillinac raconte avoir refusé de publier des carnets intimes de Gabriel Matzneff

Interrogé par Europe 1 ce jeudi matin, l'ami de l'écrivain mis en cause par Vanessa Springora est revenu sur l'affaire qui secoue le monde la littérature et de l'édition.

Article rédigé par Jules Boudier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Denis Tillinac en 2009. (ULF ANDERSEN / ULF ANDERSEN)

C'est une affaire qui n'en finit pas de faire des remous dans le milieu culturel français. Aujourd'hui, c'était au tour de Denis Tillinac, qui a dirigé les éditions La Table Ronde de 1992 à 2007, de revenir sur cette polémique. Ami et éditeur de Matzneff, il explique pourquoi il n'a pas publié les carnets intimes de l'écrivain, alors que le livre de Vanessa Springora arrive aujourd'hui dans les librairies.

"J’ai passé l’âge de faire la morale aux gens. C’était un auteur de la maison bien avant que je devienne patron de La Table Ronde. Et ça l’est resté. Simplement, j’ai refusé de publier ses carnets intimes, parce que justement il y avait cette espèce de complaisance, comme ça, érotico-pédo-truc qui ne me plaisait pas", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1. "Je ne pouvais pas être éditeur de ça. Je voulais être éditeur d’un bon écrivain qui était surtout un bon essayiste et un romancier. Donc j’ai publié des romans où il n’y a que des adultes."

"Puritanisme qui arrive des Etats-Unis"

"Il faut se demander surtout pourquoi on publiait ça avant, sans que ça pose problème à personne", a ajouté l'ancien éditeur. "On est dans un phénomène de société. Il y a comme ça un espèce de puritanisme qui arrive des Etats-Unis. J’y adhère pas, mais je ne voulais pas publier ça. Donc je ne l’ai pas fait."

Sur cette condamnation à demi-mot, Denis Tillinac temporise néanmoins, réaffirmant son affection pour l'écrivain mis en cause. "Je l’aime bien lui. C’est un être fragile, ambivalent, il le savait bien que les gosses, ça ne me plaît pas", a-t-il assuré. "Peut-être parce que je suis père de famille. Et grand-père même."

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