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Gabriel Matzneff, visé par une enquête pour viols sur mineurs, définitivement privé d'aide publique, annonce Roselyne Bachelot

"Je peux vous assurer que Gabriel Matzneff ne touche plus son allocation", a déclaré la ministre de la Culture au sujet de l'allocation pour écrivains à faibles revenus versée à partir de 2002 par le Centre national du livre (CNL).

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'écrivain Gabriel Matzneff photographié le 16 février 2020 à Bordighera, en Italie (VALERY HACHE / AFP)

L'écrivain Gabriel Matzneff, 84 ans, fait l'objet d'une enquête pour viols sur mineurs de moins de quinze ans. Il ne reçoit plus l'aide publique qui lui a été octroyée pendant longtemps à partir de 2002, a assuré jeudi la ministre de la Culture Roselyne Bachelot à Livres Hebdo. Il s'agit d'une allocation destinée à des écrivains à faibles revenus. "Je peux vous assurer que Gabriel Matzneff ne touche plus son allocation", a indiqué Roselyne Bachelot sans préciser quand les versements avaient cessé.

Le scandale avait éclaté à l'occasion de la parution début janvier 2020 d'un récit de l'éditrice Vanessa Springora, Le Consentement, sur les années où elle avait été entraînée à 14 ans dans une relation avec Gabriel Matzneff, qui en approchait alors 50. Quatre jours après cette parution, le ministre de la Culture Franck Riester avait recommandé de mettre fin à cette aide d'un établissement public. "Cette allocation n'est pas justifiée et n'aurait pas dû perdurer", avait-il écrit. Mais le sort de ce dossier n'était pas connu depuis.

Roselyne Bachelot "remercie Vanessa Springora" pour son livre "extrêmement important"

Interrogée par le mensuel littéraire, Roselyne Bachelot a estimé que le débat restait d'actualité. "Le Consentement est un livre extrêmement important, qui a introduit une réflexion fine sur ce qui constitue une agression sexuelle et une situation d'emprise. Je remercie Vanessa Springora", a affirmé la ministre de la Culture. "Chaque fois qu'il y a des enjeux de pouvoir, des enjeux financiers, il y a des phénomènes d'atteinte sexuelle. Cela doit amener le secteur du livre à réfléchir aux mesures de prévention à mener dans les entreprises, mais aussi à des mesures beaucoup plus proactives, comme un souci de parité dans les jurys des grands prix d'automne et dans les organes de direction des maisons d'édition."

Gabriel Matzneff était resté édité par Gallimard jusqu'en 2019, et avait remporté en 2013 le prix Renaudot essais pour Séraphin, c'est la fin!, recueil d'articles où il revendique sa pédophilie, entre autres considérations. D'après des informations de presse, le CNL aurait versé plus de 160.000 euros en 18 ans à cet auteur connu dans certains milieux pour son goût des filles et garçons très jeunes. Cette somme, ainsi qu'un logement social, lui ont assuré sa subsistance, car ses nombreux ouvrages (tomes de journal, romans et essais) se vendaient globalement mal.

Aucune nouvelle de Matzneff depuis février

Gabriel Matzneff n'a plus donné signe de vie depuis un entretien accordé en février au New York Times depuis l'hôtel de la côte de Ligurie, dans le nord-ouest de l'Italie, où il logeait au moment où la polémique faisait rage. Le parquet n'a pas communiqué non plus sur l'avancée de l'enquête, qui a donné lieu à plusieurs perquisitions. Aucune mise en examen n'a été rendue publique dans ce dossier, où les enquêteurs cherchent d'autres victimes que Vanessa Springora.

L'affaire a éclaboussé par ailleurs l'ancien adjoint à la Culture de la maire de Paris, Christophe Girard, mis en cause notamment en qualité d'ancien secrétaire général de la Maison Yves-Saint Laurent entre 1986 et 1987, structure qui a apporté un soutien financier à l'écrivain.

Gabriel Matzneff doit être jugé en septembre 2021 dans une autre procédure, pour apologie de crime, devant le tribunal correctionnel de Paris, où il a été cité à comparaître par l'association de prévention de la pédophilie l'Ange Bleu.

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