« La Chasse » en compétition à Cannes : les risques du métier
Synopsis : Un homme récemment divorcé est accusé par une fillette de cinq ans d'abus sexuel.
Vinterberg hors Dogme95
Thomas Vinterberg, dans « Festen », traitait déjà d’un père pédophile. Dans « La Chasse », il parle d’un père séparé, employé dans un jardin d’enfants, accusé à tord par une fillette d’attouchements et mis au ban de la bourgade dans laquelle il était jusqu’alors un des piliers.
Initiateur, avec Lars von Trier, du manifeste Dogme95, Vinterberg revient avec « La Chasse » à une mise en scène plus classique, faisant montre d’une maîtrise parfaite. Il s’attache à valoriser son personnage principal, Lucas – remarquable Mads Mikkelsen – dans une première partie festive, où il dépeint une communauté soudée, attentif à l’égard de ses proches, aux enfants dont il s’occupe, meurtri par un divorce difficile. Le revirement de situation quand l’accusation tombe n’en est que plus violente.
Trop manichéen
C’est dès lors une descente aux enfers, où la présomption d’innocence n’a pas sa place et où la parole de l’enfant fait office d’Evangile. Peut-être un peu trop dans le script, ce qui influe une part de manichéisme malvenue. Plus de subtilité aurait été bienvenue. Lucas va tout perdre, sauf son frère et un petit groupe qui vont l’aider, ainsi que son fils, pour le tirer de l’opprobre. Mais le mal est fait, le ver est dans la pomme et selon l’adage bien connu, il n’y a pas de fumée sans feu. Lucas sera à jamais marqué du sceau de l’infamie à jamais. Ce qui dans ce genre d’affaire s’est vérifié.
Si Vinterberg convainc dans sa démonstration et diffuse un sentiment de révolte chez le spectateur dans le conflit exposé, il n’apporte pas grand-chose de nouveau sous le soleil par rapport au film d’André Cayatte de 1967, avec Jacques Brel, « Les Risques du métier ». Sur l’affaire d’Outreau et le film de Vincent Garenq, « Présumé coupable » sorti l’an dernier, le traitement du sujet était plus actualisé, « La Chasse » s’avère ainsi efficace mais sans novation
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