"Don Carlos" à l'Opéra de Paris : une version française à la distribution exceptionnelle
L'Opéra de Paris présente sa nouvelle production à Bastille, "Don Carlos", de Verdi, depuis mardi. Cette oeuvre, commandée par la France en 1867 et très rarement jouée, bénéficie d'une distribution exceptionnelle.
C'est au monde de l'opéra l'équivalent d'une finale de Coupe du monde de football, d'après les passionnés d'art lyrique. La nouvelle production de l'Opéra de Paris à Bastille, Don Carlos, de Verdi, est jouée depuis le mardi 12 octobre et jusqu'au 11 novembre. Cette oeuvre, commandée en 1867 par la France au génie italien et chantée en français, est très rarement jouée. Pour cette nouvelle version, la distribution est exceptionnelle.
Une version française plus théâtrale
La planète lyrique est en ébullition depuis des mois. Le patron de l'Opéra de Paris, Stéphane Lissner, a réussi un coup de maître. Avec Don Carlos, oeuvre en cinq actes de plus de quatre heures, c'est la délicatesse et la sensibilité de Verdi qui s'expriment, au service d'une langue réputée dure à chanter. Verdi plie sa musique dans cette oeuvre pour qu'elle s'accouple avec le français. Il existe une version italienne de cet opéra mais le chef Philippe Jordan est ravi de diriger ce Don Carlos ci. "C'est beaucoup plus théâtral, beaucoup plus dans le débat et le dialogue que la musique, quelque part. Le français, en soi, ça a un côté beaucoup plus intellectuel qu'émotionnel", par rapport à l'italien. La version française est d'après lui plus adaptée au thème de cet opéra.
Le français était la langue de la cour et, quelque part, ça marche très bien pour le sujet.
Philippe Jordan, chef d'orchestre de "Don Carlos" à l'opéra de Parisà franceinfo
Sous la baguette souple et ultra-précise du chef d'orchestre Philippe Jordan, les chanteurs émerveillent Bastille : la star mondiale, l'Allemand Jonas Kaufmann en Don Carlos, la très théâtrale Lettone Elina Garanca en princesse Eboli et, chouchou du public, le baryton français Ludovic Tézier, merveilleux Rodrigue.
Des vedettes qui ne se marchent pas dessus
Toutes ces personnalités du monde de l'opéra travaillent en symbiose. "Je crois qu'on s'admire tous réciproquement et on s'aime tous. L'opéra réunit en fait des amis", assure Ludovic Tézier. "Je vois très souvent mes petits camarades en coulisses, plutôt que d'être en train de se reposer dans la loge, en train d'écouter l'autre camarade qui a son moment de gloire sur scène. (...) Ça crée une espèce d'émulation, non pas de concurrence mais presque sportive, comme si on faisait partie d'une équipe. On arrive finalement à améliorer le niveau général et, quand on est 15 sur le terrain, on devient 16 grâce à ça." Le baryton avoue lui-même admirer ses collègues depuis les coulisses.
Étonnement, les intrigues de la cour d'Espagne sous le règne de Philippe II sont mises en scène sobrement par Krzysztof Warlikowski, qui nous a habitué à plus de folie. C'est dommage mais la musique, le chant, notamment les duos, sont d'une telle beauté qu'on lui pardonne cette retenue.
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