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Dessins de Wolinski, statuettes tribales et Joconde dénudée : le musée de l'érotisme de Paris vend sa collection aux enchères

Contraint de fermer, l'établissement se sépare d'un bric-à-brac hétéroclite de près de 10 000 objets, dimanche à partir de 11 heures. Et il y en a pour toutes les bourses : entre 50 et plusieurs milliers d'euros.

Article rédigé par franceinfo - Licia Meysenq
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Le lot 199 du musée de l'érotisme, vendu aux enchères : encre de chine sur bambou (non daté). (CORNETTE DE SAINT-CYR)

Une statue de femme réalisée en mie de pain, 300 cartes postales de pin-up en corset ou encore les tarifs d’une maison close fermée dans la première moitié du XXe siècle : voilà un échantillon de ce que vous pourrez acheter, dimanche 6 novembre à partir de 11 heures, lors d'une vente aux enchères chez Cornette de Saint Cyr, au 6 avenue Hoche, à Paris (8e arrondissement).

Le musée de l’érotisme de Paris baisse son rideau. L’institution emblématique du quartier de Pigalle n’a pas pu renouveler son bail. Sept étages de représentations grivoises sont donc mis aux enchères. Cornette de Saint Cyr proposera au plus offrant l’ensemble des oeuvres du musée, dont les locaux sont nichés entre un sex-shop et un kebab, au 72 boulevard de Clichy, dans le 18e arrondissement de la capitale. 

Près de 700 lots très éclectiques

Sculpture représentant les sept péchés capitaux, réalisée en 1990.  (CORNETTE DE SAINT-CYR)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ensemble est éclectique. L’intégralité des collections du musée est mise aux enchères, soit plus de 700 lots et 10 000 objets. "Cela reflète la culture des années 1990", explique Bertrand Cornette de Saint Cyr, commissaire-priseur chargé de la vente. La plupart des oeuvres qui étaient exposées dans le musée, ouvert en 1997 par Alain Plumey et Joseph Khalifa, proviennent de collections privées.

"C’est un travail de promotion d’articles contemporains à vocation érotique", explique le commissaire-priseur. Dans le catalogue, on trouve pèle-mêle un tableau représentant une Joconde aux seins nus, plusieurs dessins grivois et humoristiques de Wolinski (tué lors du massacre de Charlie Hebdo en janvier 2015), une "chaise à faire du bien" ou des photos d’éphèbes en cuir : les prix oscillent entre 50 et quelques milliers d’euros. "Le prix de l'oeuvre la plus chère, une sculpture de plus de 1m60, est fixée à 7 000 euros", reprend le juriste.

Des petits prix et peu d'artistes connus

Un godemiché de Julian Snelling vendu pour 200 euros.  (CORNETTE DE SAINT-CYR)

Des petits prix qui s’expliquent par l’absence d’objets ou de tableaux produits par des grands noms de l'art. "C’était un musée populaire, qui s’adressait à tous." Ne cherchez pas une esquisse de Picasso ou un dessin de Klee : "C’est un art de niche", argumente Bertrand Cornette de Saint Cyr, "les artistes que l’on vend n’ont fait que de l’érotique, jamais d’art classique." A quelques exceptions près, comme nous l'avons signalé plus haut, notamment celle du dessinateur Wolinski, qui est aussi un des seuls noms connus du grand public lors de ces enchères.

Et côté clients, on trouve plutôt des initiés : "Nous avons des clients étrangers et d’autres musées de l’érotisme qui se montrent intéressés." On est loin des ventes aux enchères classiques proposées par la maison, qui présentent des estampes japonaises et des photographies classiques. "C’est un art un peu différent de ce que l'on présente d’habitude : il y a beaucoup d’humour et moins d’ego", explique le commissaire-priseur.

La vie au temps des maisons closes

Le journaliste Romi a réuni des milliers de documents sur la vie au temps des maisons closes.  (CORNETTE DE SAINT-CYR)

Mais quelles sont les pièces à ne pas manquer ? Bertrand Cornette de Saint Cyr est fasciné par le travail d’un ancien journaliste, Romi. L’homme a collecté de nombreuses données sur l'époque des maisons closes, définitivement fermées en 1946 par décret. Grâce aux photos, des affiches tarifaires et d'autres éléments minutieusement collectés par l’archiviste amateur, on s’imprègne de l'ambiance des lieux. La collection de Romi compte quelque 3 000 pièces. 

De nombreux objets qui proviennent de cultures anciennes, comme des masques africains tribaux, valent aussi le détour, selon le commissaire-priseur. "Ils sont difficiles à obtenir, notamment ceux d’art primitif. Il faut de nombreuses années de recherches pour se les procurer."

Des statuettes d'art populaire Mohica, originaire du Pérou, mises aux enchères après la fermeture du musée de l'érotisme. (CORNETTE DE SAINT-CYR)

Bien que ces objets ne soient pas des chefs-d’oeuvre, Bertrand Cornette de Saint Cyr insiste : "Ce sont des objets de qualité, pas de la pacotille."

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