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"Icons" à la galerie Alfalibra : les fashion illustrators Antoine Kruk et Marc-Antoine Coulon croquent la mode d'un trait de crayon

Avec "Icons. Fashion Illustrators", le curateur Frédéric Fontan met à l’honneur un héritage culturel français, l’illustration de mode. Cette exposition parisienne à la galerie Alfalibra donne l'occasion de s'amuser à reconnaître les icônes de la mode représentées à partir d'un simple trait de crayon !

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Exposition "Icons" à l'Alfalibra Galerie à Paris : les chaussures Louboutin croquées par Marc-Antoine Coulon  (MARC-ANTOINE COULON)

Icons, la deuxième édition de l’exposition Fashion Illustrators, met en avant - à travers le trait de crayon d'Antoine Kruk et de Marc-Antoine Coulon - les figures emblématiques du monde de la mode. Ces créateurs, top models, muses, maisons de couture… ont marqué notre temps par leurs créations, leurs images ou leurs maisons. 

Pour Frédéric Fontan, curateur de la galerie Alfalibra - fondée il y a deux ans, elle propose des thématiques axées sur l'art, la mode et le lifestyle - "le fait qu'il y ait peu d'expositions consacrées aux illustrators" explique son choix de ces deux artistes aux univers créatifs différents prêtant leurs coups de pinceau, collages et aquarelles à des magazines. 

Une nouvelle génération d'illustrateurs

Du XIXe siècle avec Héloise Leloir aux années 50 avec René Gruau, l’illustration de la mode est à son apogée dans les magazines féminins. Remplacée par la photographie, elle finit par disparaître au début de la décennie 60. Aujourd’hui, à l’heure du smartphone, elle se fait plus rare mais une nouvelle génération d'illustrateurs renouvelle cet art.

Marc-Antoine Coulon et Antoine Kruk, en livrant ici leurs portraits de Fashion Icons et leurs croquis en direct du runway, prouvent son retour. Avec leur dessin, ils ont su retranscrire un mouvement, un détail, un regard ou une silhouette.

Le dessin, c'est un langage universel où il n'y a pas besoin d'explications

Frédéric Fontan

La passion pour le dessin, Frédéric Fontan la cultive depuis qu'il est petit. Il s'y adonne également : "tous mes projets commencent par un dessin. Cela permet de raconter plein d'histoires. Cela me fascine, c'est un langage universel où il n'y a pas besoin d'explications". Pour la première édition de l'exposition Fashion Illustrators, il avait donné carte blanche à quatre d'entre eux. "Pour cette seconde édition, je propose un face-à-face entre deux illustrators aux styles très différents. Ils ont un coup de crayon singulier caractéristique de leur pâte". Pour Frédéric Fontan, à travers ce trait on retrouve l'identité d'une personne et son caractère : "Marc-Antoine Coulon décrit avec très peu d'éléments - un simple trait de crayon et un point - quelqu'un. C'est fou, c'est magique. Quant à Antoine Kruk, il se dégage beaucoup d'humour de ces dessins".

La seule consigne qu'il leur a donnée, c'est de travailler sur les icônes de la mode. C'est-à-dire les créateurs qui ont révolutionné ce monde (en créant une identité propre, une image reconnaissable) ; les top models (qui ont marqué leur époque par leurs silhouettes et leurs démarches) et les acteurs, chanteurs, artistes (devenus des muses faisant rêver des générations entières avec leur style d'avant-garde) ; et, enfin, les maisons de couture emblématiques devenues icônes intemporelles illustrées par des formes, des accessoires, des couleurs qui leur sont indissociables aujourd’hui.

De Rykiel à Gaultier, de Lagerfeld à Mugler, les deux artistes croquent le caractère de ces légendes. Linda, Naomi, Ines, Giselle, Anna, autant de prénoms devenus des gloires de la fashion sphère à travers leurs attitudes, oeillades et sourires… mais aussi Valentino, Lancel, Chanel, des maisons mondialement connues dont l’essence peut être capturée par un it-bag, une silhouette ou une couleur de semelle (Louboutin).

Dans ce lieu "sans prétention, en toute simplicité et amitié" ajoute encore Frédéric Fontan, "on va proposer une édition limitée, d'un patchwork de portraits, abordable pour que le public puisse se faire plaisir" lors de l'exposition.

Exposition "Icons" : la mannequin Kate Moss croquée par Marc-Antoine Coulon  (Marc-Antoine Coulon)

Dans l’illustration on cherche la vibration de la main humaine, le supplément d’âme

Marc-Antoine Coulon

"On ne demande pas à l’art, ni à l’illustration la même chose qu’à la photo, surtout à la photo de smartphone. Dans l’illustration on cherche la vibration de la main humaine, le supplément d’âme. L’illustration de mode confirme à la mode son statut d’art. Car la mode est un art avant d’être une industrie" explique Marc-Antoine Coulon.

Il a commencé comme illustrateur pour l’industrie du disque, puis a créé des affiches de cinéma et de spectacle dont celle de la comédie musicale The Fashion Freak Show de Jean Paul Gaultier. Il propose son travail aux maisons du luxe et de haute couture, à la presse française et internationale. Il participe également à des expositions nationales et internationales : au musée Christian Dior à Granville, et à Atlanta, Unapolegetic Lines, pour sa première rétrospective. Paris, le premier livre consacré à son oeuvre, réunit des portraits de gens célèbres et d’autres plus personnels, des croquis de défilés et des vues de lieux parisiens qui lui sont chers. 

Exposition "Icons" : la mannequin Naomi Campbell croquée par Marc-Antoine Coulon  (Marc-Antoine Coulon)

"Les créations de mode commencent par un dessin. Il est logique qu’une fois achevées elles prennent vie dans un dessin. L’illustration est quelque chose de vibrant, de vivant. (...) A l’heure où les portables saturent, en temps réel, les réseaux d’images instantanées et assez semblables, l’illustration offre la possibilité plus personnalisée de revenir sur une silhouette choisie, pensée, caressée du regard. Cette démarche s’accorde plus finement à ce qu’est la haute couture : l’unique et le sur mesure, par opposition à l’édition en série", déclarait l’illustrateur que nous avions rencontré en janvier 2019.

Exposition "Icons" : les reconnaissables Louboutin aux semelles rouges, croquées par Marc-Antoine Coulon  (Marc Antoine Coulon)

Humour et plume acérée

Cet artiste franco-japonais aux multiples facettes est illustrateur, auteur, directeur artistique et designer freelance pour des marques mais également costume designer pour l’Opéra et pour le Crazy Horse. On retrouve régulièrement ses traits d’humour publiés dans Madame Figaro ou pour la communication de la Maison Ernest, dans ses deux livres Look at me Tokyo et Crazy (Editions Eyrolles) ou encore dans le recueil Shibuya Soul (Archimbaud éditeur).

Exposition "Icons" : le couturier Karl Lagerfeld et sa chatte Choupette croqués par Antoine Kruk (ANTOINE KRUK)

C’est de ces riches collaborations, rencontres, et voyages qu’il tire son inspiration. Il privilégie le dessin à main levée, au trait vif, pour restituer ses émotions et mélange dessins, collages, morceaux de publicité, magazines de mode, logos de marque, ou sacs shopping. Quand il utilise des sacs, il compose avec ce qui existe déjà : ils sont réinterprétés et donnent donc naissance à un nouveau message.

Exposition "Icons" : le couturier Karl Lagerfeld croqué par Antoine Kruk (Antoine Kruk)

Exposition "Icons. Fashion Illustrators. Antoine Kruk & Marc-Antoine Coulon" du 14 février au 14 mars 2020. Alfalibra Gallery. 324, rue Saint-Martin. 75003 Paris. Du mardi au samedi, de 14h à 19h. 

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