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"Welcome to New New York" projeté ce soir à Cannes

Gérard Depardieu ne montera pas les célèbres marches du palais des festivals et le film devra se contenter d'un cinéma de quartier. Pourtant, la sortie mondiale samedi soir de "Welcome to New York", inspiré de l'affaire DSK, fait saliver tout Cannes.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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  (VALERY HACHE / AFP)

C'est en plein centre-ville, derrière la barrière de palaces et de boutiques de luxe de la Croisette, que les producteurs de Wild Bunch ont décidé de présenter à la presse et au public le film d'Abel Ferrara inspiré du scandale qui a fait chuter il y a trois ans presque jour pour jour le patron du Fond monétaire international et favori des sondages pour la présidentielle française de 2012.

"Première mondiale, samedi 17 mai 21H00... Projection ouverte aux acheteurs, à la presse et au public", annonce l'affiche à Cannes. Résultat, pour obtenir un des 500 sièges disponibles, les plus de 4.500 journalistes présents au festival intriguent et supplient attachés de presse et producteurs. "Ils vont devoir refuser des centaines de personnes. C'est une stratégie très intelligente. Même si le film n'est dans aucune sélection officielle, tout le monde parlera de sa projection ici", dit à l'AFP Scott Foundas, l'un des critiques de Variety, la bible américaine de l'industrie du cinéma.

Exposition médiatique maximale

Cerise sur le gâteau: la conférence de presse que donneront Gérard Depardieu, Abel Ferrara et l'équipe après la projection sera retransmise en direct sur BFM-TV, a confirmé à l'AFP son directeur de la rédaction Hervé Béroud. Une exposition médiatique que n'ont obtenue ni "Grace de Monaco", ni "Saint Laurent", film à l'honneur au Palais à la même heure.

Jusqu'ici, Dominique Strauss-Kahn ne s'est pas exprimé sur ce film, ce qui ne veut pas dire que ses avocats ne sont pas à l'affut. Il a été prompt à assigner en diffamation l'écrivain français Régis Jauffret, auteur de "La Ballade de Rikers Island" et les éditions du Seuil pour un roman qui met en scène le dirigeant d'une institution internationale accusé de viol.

Scott Foundas fait partie des quelques privilégiés qui ont vu "Welcome to New York" : "le film a un avertissement au début prévenant qu'il s'agit d'une version fictionnalisée mais Ferrara tourne certains passages dans un style très documentaire. Il utilise de vrais policiers de l'affaire jouant leurs rôles dans le film et il a aussi tourné dans l'appartement new-yorkais où vivait DSK avec (sa femme) Anne Sinclair pendant son assignation à domicile", raconte-t-il.

"En France, on n'arrive pas à parler de notre histoire présente"

Tous les exclus de la projection devraient pouvoir se rabattre sur internet puisque les producteurs ont choisi un mode de distribution audacieux, sautant l'étape des salles obscures pour offrir directement en France, dès samedi, le film en vidéo à la demande (VoD, paiement à l'acte) moyennant 7 euros sur la toile. Ils brisent ainsi la traditionnelle "chronologie des médias" française, qui veut qu'une oeuvre sorte d'abord sur grand écran puis en DVD et en VàD, avant les chaînes TV payantes puis les généralistes.

Si les producteurs peuvent se permettre cette entorse, c'est notamment parce que le film n'a reçu aucun soutien financier des chaînes de télévision françaises. Le coproducteur Vincent Maraval y voyait récemment dans la presse le résultat de "pressions" et des "relations incestueuses qu'entretiennent dans ce pays les élites, les politiques, les médias". Dans un entretien au "Film Français" samedi, Vincent Maraval explique avoir choisi cette stratégie de sortie pour éviter la piraterie.

"Nous nous sommes rendus compte de l'attente qu'il y avait sur ce film et qu'il serait piraté dès la sortie", dit-il. Pour la même raison, le film sort en Espagne en même temps que la France en VoD, puis "en Italie et en Allemagne soit en salle et VoD, soit en VoD puis cinéma avec un léger décalage, en Grande-Bretagne en cinéma et VoD en juin, aux Etats-Unis en août ou septembre", détaille-t-il.

"N'importe où dans le monde, on peut faire des films comme Le Caïman de Nanni Moretti sur Berlusconi ou Fahrenheit 9/11 sur George Bush (...). En France, on n'arrive pas à parler de notre histoire présente", regrette-t-il, en réaffirmant qu'aucune chaîne française n'a voulu le financer et que le film est "de nationalité américaine".

 "Le talent viscéral de Depardieu"

Quelques médias privilégiés, bibles de l'industrie, ont déjà vu le long métrage comme "The Hollywood Reporter" qui a globalement apprécié ce film "scandaleux, hilarant et parfois fastidieux". Variety salue "le talent viscéral de Depardieu dont la performance audacieuse est incontestablement le point fort du film", offrant notamment "son corps gonflé et porcin à l'examen sans pitié de la caméra".

Attention, certaines images peuvent heurter la sensibilité de certains spectateurs

Déjà, une nouvelle polémique pointe: le quotidien Le Monde accuse le film de "donner dans le fantasme antisémite" dans sa description de l'épouse du héros.

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