Vincent Lindon, le plus social des acteurs français
"Je suis fier d'avoir été ce personnage, d'être rentré dans sa carcasse". C'est ce qu'a déclaré Vincent Lindon sur le plateau de France 2 samedi soir à propos de son rôle dans "La Loi du marché", présenté aujourd'hui sur la croisette. Pour leur troisième collaboration, le cinéaste Stéphane Brizé offre à l'acteur l'occasion d'incarner un agent de sécurité tout juste sorti des abysses du chômage. Un type de personnage fait pour Vincent Lindon, "gueule" du paysage cinématographique qui aime s'emparer de ces histoires révélatrices d'une réalité sociale. Chômeur, artisan, maître nageur. Depuis plus de vingt ans, la carrière de Vincent Lindon, bourgeois aux bras d'ouvrier, est marquée par les drames sociaux, engagés, humains. En voici cinq exemples.
"La crise", de Coline Serreau
Nominé au César du meilleur acteur 1992, Vincent Lindon incarnait, déjà dans "La crise", un personnage ayant perdu son emploi. Ex-juriste quitté par sa femme, Victor a du mal à remonter la pente. Tout le monde semble se désintéresser de sa situation, hormis Michou (Patrick Timsit), un SDF rencontré dans un bar qui va devenir un vrai boulet et vivre à ses crochets. Sur le ton de la comédie, Coline Serreau ("Trois hommes et un couffin") pointe du doigt l'inactivité, de la solitude et de la détresse que celle-ci engendre. Des thématiques que l'on retrouve par exemple dans "Deux jours, une nuit" des frères Dardenne.
"Fred", de Pierre Jolivet
Cinq ans après "La crise", Vincent Lindon se met de nouveau dans la peau d'un chômeur, prénommé Fred. Trentenaire rustre et moustachu (et oui déjà), l'acteur donne la réplique à Clothilde Courau, petite amie amoureuse qui a du mal à supporter un quotidien de plus en plus difficile. Un jour, Fred accepte un petit boulot au noir proposé par un ami routier. Sa mission, conduire un mystérieux semi-remorque dans un entrepôt, va l'entraîner dans un engrenage risqué.
"Ma petite entreprise", de Pierre Jolivet
Elle ne "connaît pas la crise" chantait Bashung, compositeur de la musique du film "Ma petite entreprise" de Pierre Jolivet. Le réalisateur retrouve pour la deuxième fois Vincent Lindon qui joue les patrons de PME. Son personnage, Ivan, se démène jour et nuit pour faire tourner sa boîte de menuiserie. Après un incendie qui risque de le mettre, lui et ses ouvriers, sur le paille, il se tourne vers son assureur qui se révèle être un escroc. Une fois de plus, la précarité de sa situation mène Vincent Lindon à la frontière de la légalité.
"Chaos", de Coline Serreau
Pour ce troisième film avec la réalisatrice Coline Serreau ("La crise", "La belle verte") Vincent Lindon joue les bourgeois qui ferme les yeux sur ce qu'il se passe en dehors de son quotidien aisé. Alors qu'il refuse de porter secours à une jeune prostituée maghrébine (Rachida Brakni) passée à tabac par des proxénètes, sa femme (Catherine Frot), elle, ne peut oublier cette scène. Dans le dos de son mari, elle va vouloir retrouver la jeune fille et l'aider à sortir de l'enfer de la prostitution. Si Vincent Lindon n'a pas le rôle du sauveur, mais plutôt du lâche, le film n'en n'aborde pas moins des sujets graves et parfois tabous : la prostitution, la violence intra-communautaire, les rapports hommes-femmes.
"Welcome", de Philippe Lioret
Film "coup de poing" sorti en 2005, "Welcome" s'attaque au thème de l'immigration et, plus précisément, aux conditions de vie des migrants arrivés à Calais qui riquent leur vie pour gagner l'Angleterre dans l'espoir une vie meilleure. Vincent Lindon, maître nageur à la vie amoureuse mouvementée, accepte d'aider un jeune réfugié kurde prêt à tout pour traverser la Manche à la nage. Un scénario fort pour un film qui l'est encore plus. Pour l'anecdote, il a été écrit (avec Emmanuel Courcol et Olidier Adam) spécifiquement pour Vincent Lindon qui a accepté de le faire sans lire le scénario.
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