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Venise : "Francofonia" et "Desde allà", favoris d'une 72e Mostra critiquée

Alors que les 21 films en compétition ont été présentés, "Francofonia" du Russe Alexsandr Sokurov, chouchou des critiques et du public, et "Desde allà", un outsider venu du Venezuela, se présentent comme les favoris d'une Mostra plutôt terne cette année, si l'on en croit certains médias. Le directeur artistique du festival parle au contraire d'une édition "très positive". Verdict samedi soir.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"Desde allá" (2015)
 (DR)

Samedi soir, le jury du plus ancien festival de cinéma au monde, présidé cette année par le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron, décerne un Lion d'Or au meilleur film, un Lion d'Argent au meilleur metteur en scène, ainsi que la coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine et féminine.

La presse acerbe sur le niveau de la 72e édition

Des habitués du Lido ont déploré cette année une édition en demi-teinte : le critique du Corriere della Sera, Paolo Mereghetti, auteur d'un encyclopédique dictionnaire du cinéma, a évoqué "un festival qui périclite", sa consoeur de la Stampa, Fulvia Caprara, vice-présidente du syndicat des journalistes italiens de cinéma, d'une sélection où "l'ennui, lentement, s'insinue".

Quant à El Pais, c'est bien simple : jusqu'aux projections de "Anomalisa" de Charlie Kaufman et Duke Johnson, "11 minut" de Jerzy Skolimowski et "Heart of a dog" de Laurie Anderson, la compétition n'avait apporté que "médiocrité et déception".

La direction du festival se défend

Faux, répond à l'AFP le directeur artistique de la Mostra, Alberto Barbera : "À ce qu'on m'a dit, c'est l'une des sélections les plus intéressantes des dernières années."

Interrogé par l'AFP, il en tire "un bilan très positif" : "Tout le monde a souligné que cette sélection est la meilleure des trois dernières années. Au départ, j'étais un peu dubitatif, je pensais que 2015 serait une saison sans bons films, mais le fait est que nous en avons vu de très intéressants qui n'ont pas manqué d'être appréciés. En outre, je tiens à souligner que si pendant 15 ans, le sud-ouest asiatique, et la Chine notamment, a été le grand moteur, la locomotive du nouveau cinéma, je pense à présent, et j'en suis même convaincu, que l'innovation dans le cinéma arrive d'Amérique du Sud."

Quoi qu'il en soit, concernant l'appréciation globale de cette édition 2015, le fait est que parfois, des sifflets, voire des rires, ont fusé lors des projections de presse, et que certains films très attendus ont déçu, rapporte l'Agence France Presse.

"Francophonia" fait l'unanimité

À l'inverse, d'autres ont fait l'unanimité. Ainsi, "Francofonia", mi-documentaire mi-fiction sur le musée du Louvre, a recueilli une moyenne de 4 sur 5 au baromètre quotidien des critiques présents au festival, rejoints par le public (3,7 sur 5).


Pour le critique américain Emmanuel Levy, ancien de Variety et du Hollywood Reporter, le "travail de Sokurov est si original, si singulier, si iconique qu'il est vraiment difficile de le comparer à celui d'autres réalisateurs, passés ou présents". Cependant, le fait que le réalisateur russe ait déjà remporté un Lion d'Or en 2012 pour "Faust" pourrait le desservir.

Ce n'est pas le cas de l'Israélien Amos Gitaï, dont le puissant travail d'enquête et de reconstitution dans "Rabin, the last day" - comparable au "JFK" d'Oliver Stone - a lui aussi été salué par la critique et le public. Mais les organisateurs du festival ont pris l'habitude, lors des précédentes éditions, de brouiller les cartes en programmant à la toute fin un film mettant tout le monde d'accord.


"Desde allà" pourrait créer la surprise

Cette année, la surprise pourrait donc venir de "Desde allà" de Lorenzo Vigas, une histoire âpre de sexe et de solitude se nouant entre deux hommes à Caracas.


Portrait d'une famille de tueurs dans les années 1980, "El Clan" de l'Argentin Pablo Trapero, grand succès dans son pays, semble aussi en mesure de tirer son épingle du jeu. "Le fait est qu'après avoir été l'apanage des Asiatiques, le cinéma le plus novateur est désormais celui des Sud-Américains", estime ainsi Alberto Barbera.

Il y a aussi "Anomalisa", film d'animation de Charlie Kaufman et Duke Johnson, utilisant le procédé du stop-motion, "une superbe incongruité" selon Libération, tandis que The Telegraph le voit carrément obtenir un Oscar. Enfin, le documentaire "Beixi Moshuo" (Behemoth) du Chinois Zhao Liang, qui retrace la dure vie des mineurs exploités dans le Sichuan, pourrait aussi créer la surprise.

Prix d'interprétation : le vote sera compliqué

Quant aux interprètes, le choix sera difficile cette année en raison d'un niveau très relevé, la Tribune de Genève qualifiant même cette édition de "festival d'acteurs, de performances, ratées ou réussies, de comédiens briguant des prix d'interprétation".

Ralph Fiennes, rien que pour sa danse géniale sur "Emotional rescue" des Rolling Stones dans "A Bigger Splash" de Luca Guadagnino, et Alicia Vikander, qui sauve "The Danish Girl" (Tom Hooper) de la niaiserie, émergent comme favoris. En outsider de luxe, n'oublions pas le Français Fabrice Luchini, très applaudi dans "L'hermine" (Christian Vincent).

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