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Une plateforme vidéo gay et lesbienne bouscule les tabous en Asie

Avec 280.000 clients, essentiellement des homosexuels, la plateforme arrive dans un contexte de progression des droits des homosexuels dans certains pays.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Jay Lin, défenseur des droits des homosexuels, à l'origine de la plateforme GagaOOLala, le 3 décembre 2019 à Singapour (ROSLAN RAHMAN / AFP)

GagaOOLala propose plus de 1.000 films, séries et documentaires à ses abonnés dans des pays où les normes morales et la censure ne laissent que très peu de place aux contenus liés à l'homosexualité dans les médias.

Avec une comédie romantique autour d'une hôtesse de l'air lesbienne ou une histoire d'amour dans un spa gay, la première plateforme vidéo LGBTQ en Asie repousse les limites dans une région aux valeurs souvent très traditionnelles.

"Combattre les nombreux mythes et idées fausses que les gens peuvent avoir sur la communauté LGBT"

Lancé en 2017 à Taïwan, considéré comme à l'avant-garde des droits des homosexuels dans la région, le service de streaming est présent dans 21 territoires, dont plusieurs dans lesquels l'homosexualité est un crime. "L'une de mes principales motivations pour créer GagaOOlala, était de combattre les nombreux mythes et idées fausses que les gens peuvent avoir sur la communauté LGBT", explique Jay Lin, un défenseur des droits des homosexuels à l'origine de la plateforme, interrogé par l'AFP à l'occasion de l'Asia TV Forum à Singapour.

"Nous ne vivons pas tous des vies tragiques, nous sommes entrepreneurs, pères...", explique l'homme de 46 ans qui élève deux jumeaux avec son partenaire à Taipei. Taïwan a été le premier pays en Asie à légaliser le mariage homosexuel en mai et la Cour suprême indienne a rejeté une loi interdisant des relations sexuelles homosexuelles datant de l'époque coloniale.

Censure et peine de mort 

Mais la situation reste préoccupante dans de nombreux pays où la plateforme opère, rendant son existence d'autant plus importante pour la communauté LGBTQ, soulignent ses promoteurs. Les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont toujours interdites à Singapour ou en Malaisie, où des femmes et des hommes, condamnés pour ce motif, ont été punis de coups de bâtons récemment.

Le petit sultanat de Brunei a instauré cette année la peine de mort par lapidation pour les relations sexuelles entre personnes du même sexe dans le cadre d'un nouveau code pénal basé sur la charia. Mais devant le tollé international, il a précisé qu'un moratoire sur la peine capitale s'appliquerait.

La censure est aussi sévère dans la région. La Malaisie a coupé cette année des scènes de sexe gay de "Rocketman", biopic retraçant la vie d'Elton John. A Singapour, c'est un court baiser entre deux femmes dans le nouvel opus de "Star Wars" qui a été censuré.

La plateforme, qui prévoit un lancement mondial l'an prochain, a opté pour un marketing discret et ciblé dans les pays les plus conservateurs. Elle fait sa promotion sur les réseaux sociaux, dans des forums fermés sur internet et via des influenceurs LGBT. 

Des fictions asiatiques

Jay Lin a commencé à commencé à bâtir le catalogue de GagaOOlala avec des contenus occidentaux mais il s'efforce désormais de trouver des contenus asiatiques. Il a créé GOL Studios pour aider les réalisateurs LGBT à financer et distribuer leurs projets. La structure a produit son premier film thaïlandais cette année, son premier film lesbien au Japon ainsi qu'une co-production entre l'Espagne et l'Allemagne. 

Produire des contenus originaux est clé pour faire connaître une plateforme de niche comme GagaOOLala, explique l'entrepreneur. La série "Handsome Stewardess" autour d'une lesbienne taïwanaise qui devient hôtesse de l'air pour poursuivre une histoire d'amour à Singapour a fait bondir l'audience de la plateforme.

"The Teacher", une autre série originale sur un enseignant amoureux d'un homme marié séropositif, a aussi été un grand succès, et remporté un prix aux Golden Horse Awards à Taïwan, les "Oscars" pour les fictions en langue chinoise.

"En nous développant (...) nous avons réalisé que de nombreux Asiatiques voulaient voir des traits asiatiques, des fictions asiatiques et regarder des films qui se passent dans des villes ou des lieux qu'ils connaissent", note-t-il.

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