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"Un p'tit gars de Ménilmontant" : rencontre avec Smaïn

« Un p'tit gars de Ménilmontant », film en partie autobiographique d'Alain Minier sort mercredi 20 mars 2013. Libéré de prison après 15 ans de détention, Jo revient dans son quartier de Ménilmontant. Il y retrouve son ami d'enfance, qui tient un café et son ancienne compagne qui a refait sa vie. Le retour du truand dans un quartier qu'il ne reconnaît pas sera impossible.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Olivier Marchal et Smaïn Fairouze dans "Un p'tit gars de Ménilmontant"
 (DR)

Un film de gangsters, avec Olivier Marchal. A priori, on sait à quoi s'attendre. Une mise en scène à l'américaine, très efficace, une violence mate et sombre. Mais ce serait oublier qu'Olivier Marchal, réalisateur entre autres de la série télévisée Braquo et des films "Quai des Orfèvres" et "Les Lyonnais", est ici en tant que comédien et que le réalisateur s'appelle Alain Minier. Alors, bien entendu cette histoire d'amitié, d'amour et de gangsters compte son lot de violence, ses morts par armes à feu, ses coups de pelle en pleine figure et ses cadavres enterrés au clair de lune. Mais c'est d'une autre représentation de la violence qu'il s'agit.
 
Smaïn retrouve son nom de famille
La surprise du film c'est Smaïn. Celui que l'on connaissait depuis des années sous un jour comique se révèle ici un excellent comédien dans le registre dramatique. Tout en retenue, il a gagné en épaisseur et il habite son personnage de patron de bistrot désabusé. Ce nouvel emploi, Smaïn l'assume pleinement en retrouvant un nom de famille. Smaïn devient en effet Smaïn Fairouze, comme à une autre époque Bourvil avait, lui, retrouvé un prénom.

L'interview de Smaïn Fairouze

 
Alain Minier nous livre un film en partie autobiographique
Il a lui-même passé son enfance et son adolescence à Ménilmontant. Lui aussi a, comme il est coutume de le dire pudiquement, « fait des bêtises » et passé quelque temps derrière les barreaux. Lui aussi a vu son quartier changer pour devenir la proie des bandes de dealers courageux à plusieurs. Et il n'a pas eu l'envie ni le besoin d'en rajouter. Dans son film il fait jour souvent, les protagonistes sont souvent filmés en plan large, la violence n'a pas besoin d'être soulignée par des effets sonores ou visuels. Elle se suffit. Et c'est ce qui donne à ce film sa véracité.

La bande annonce
Crédible et réaliste
Oui, ça peut se passer comme ça, à Ménilmontant, dans les années que nous vivons. Oui, un ancien voyou retiré des affaires malhonnêtes (Smaïn Fairouze) peut se retrouver bistrotier dans le quartier de son enfance. Oui, il peut se faire racketter par des bandes d'ado hyperviolents sans réagir. Parce que c'est le prix à payer pour redevenir un homme comme les autres.
 Il ne faut pas s'attendre à une « happy end » dans cette histoire. Elle est comme la vie. Elle ne s'arrête pas une fois que tout est dénoué. Cela n'arrive jamais. Dans « Un p'tit gars de Ménilmontant », le retour du truand dans son quartier est un échec et il a la sagesse de s'en rendre compte. Inutile pourtant d'attendre une suite à ce film, elle n'existera pas. Parce que l'épisode est terminé, avec tous les points de suspension que la vie elle-même impose à toutes les histoires jamais refermées. Parce que toujours, partout, les portes du destin ne sont jamais complètement closes et que nos actes continuent, sans nous, à avoir des conséquences qui nous échappent.
 
Olivier Marchal est ici un gangster comme il a pu être un flic
 Avare de paroles, bourru, au geste sûr même s'il lui arrive de trembler après avoir tiré, mais jamais avant. La mise en scène aurait certes pu écarter quelques poncifs, elle aurait gagné en densité. Smaïn, quant à lui, n'est pas loin de voler la vedette au rôle principal, et c'est la vraie bonne nouvelle que nous porte ce film : le cinéma français vient de gagner un comédien qu'on savait exceller dans l'humour et qui vient de s'installer durablement dans le registre dramatique.
L'affiche du film d'Alain Minier
 (DR)
 « Un p'tit gars de Ménilmontant », d'Alain Minier avec Olivier Marchal, Smaïn Fairouze, Catherine Marchal et Nassim Boutelis. Sortie le 20 mars 2013.

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