Un automne cinéma flamboyant
La brigade des mineurs vue par Maïwenn dans Polisse (Prix du jury à Cannes) ; Jean Dujardin (Prix d’interprétation à Cannes) dans L’Artiste ; le système politique français décortiqué dans L’exercice de l’Etat, avec Olivier Gourmet ; le nouveau film de Marjane Satrapi avec une distribution époustouflante ; Tintin et le secret de la Licorne transposé par Steven Spielberg… ce n’est qu’une sélection parmi les titres les plus attendus dans les salles d’ici les fêtes de fin d’année et c’est déjà la fête.
Semaine par semaine : demandez le programme !
Mercredi 5 octobre : sur les chapeaux de roues
Octobre est souvent riche en sorties, avec notamment des films projetés et récompensés à Cannes. C’est le cas de Drive, du danois Nicolas Winding Refn (Le Guerrier silencieux, Bronson), Prix de la mise en scène sur la Croisette.
Polar d’action mené de main de maître dans la lignée d’un William Friedkin (French Connection), il est interprété par Ryan Goslin, l’acteur américain qui a le vent en poupe (Crazy, Stupid, Love ; Les Marches du pouvoir…), dans le rôle d’un cascadeur mettant ses dons de conducteur au service de la mafia. Angélique et d’une honnêteté à toute épreuve, il entre dans une fureur folle dès que le contrat n’est pas respecté. Un Prix de la mise en scène très mérité et étonnant à Cannes qui ne prise guère le cinéma de genre dans ses palmarès.
Le Skylab est le deuxième événement de la semaine, étant le quatrième film signé Julie Delpy, qu’elle interprète également aux côtés d’Eric Elmosnino, Aure Atika, Bernadette Lafont et Emmanuelle Riva, excusez du peu. Une comédie familiale située en juillet 1979 dans une maison de Bretagne. Aussi, que l’on ne s’y trompe pas : malgré le titre, ce n’est pas un film sur la mission spatiale russo-américaine qui fit la une au moment où se déroule film.
L’on reste toutefois dans l’espace avec Apollo 18, film de science-fiction d’épouvante. Vous croyiez que les missions lunaires se sont arrêtées avec Apollo 17 ? Et bien non. Une dernière mission, tenue secrète fut envoyé sur l’astre sélène et ce sont les images rapportées qui alimente le film, sur le ton d’un faux reportage, comme Le Projet Blairwitch, Paranormal Activity ou Rec.
Dream House voit le réalisateur irlandais Jim Sheridan (Au nom du père, My Leef Foot) s’attaquer pour la première fois au fantastique. Il est bien entouré, puisque ses comédiens ne sont autres que Daniel Craig, Naomi Watts, Rachel Weisz et Elias Koteas. Le pitch est un cocktail de maison hantée et de serial killer, où une famille s’installe dans une maison, théâtre du meurtre d’une mère et de ses deux enfants. Les habitants de la bourgade nourrissent de lourds soupçons sur le père de famille qui pourrait être l’assassin revenu sur les lieux du crime…
Pas de semaine sans son ou ses documentaires. Crazy Horse, sur le célèbre cabaret parisien, est signé du grand documentariste Frederick Wiseman qui en a filmé les coulisses et surtout le travail du metteur en scène Philippe Decouflé et du directeur artistique Ali Mahdavi, à la barre d’une refonte des numéros les plus avant-gardistes en la matière.
Mercredi 12 octobre : l’artiste entre en scène
The Artist, de Michel Hazanavicius (les deux OSS 117) tient le haut du pavé avec son film muet en noir et blanc et en format dit « standard » (4/3), donc à l’ancienne, qui valu à Jean Dujardin le Prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes. Pari incroyable à l’once des productions actuelles qui en demande toujours plus en 3D, The Artist est une perle d’humour et d’émotion, où « Chouchou » fait des merveilles de son jeu très physique, au côté de sa partenaire d’OSS 117, Le Caire nid d’espions, Bérénice Bejo, et les Américains John Goodman et James Cromwell. Tourné à Hollywood dans les lieux mêmes du cinéma des années 20 qu’il décrit, The Artist est d’ores et déjà la très bonne surprise du cinéma français de l’année. Si le public ne suit pas, c’est à se tirer une balle dans la tête.
Une nouvelle version américaine des Trois Mousquetaires en relief démontre, s’il le fallait encore, que la crise des sujets et des scénarios sévit toujours des deux côtés de l’Atlantique. C’est le spécialiste des films fantastiques, de science-fiction et d’action, Paul W.S. Anderson (Event Horizon ; Resident Evil ; Aliens VS Predator…) qui est aux commandes. L’histoire, tout le monde la connaît, mais s’éloigne de Dumas avec l’intervention de dirigeables armés, le tout se colorant de donc d’un brin de SF. L’intérêt (?) est de donner les rôles à un casting rajeuni : Mila Jovovitch (épouse d’Anderson) en Milady et Logan Lerman (Percy Jackson, le voleur de foudre) en D’Artagnan ; mais aussi Orlando Bloom en Duc de Buckingham et Ray Stevenson (Titus Pullo dans la série Rome) en Porthos.
Le film d’animation français musical en relief, Un monstre à Paris tiendra également le haut de l’affiche, notamment grâce aux voix de Vanessa Paradis, Mathieu Chédid, Ludivine Sagnier et Gad Elmaleh. L’action se situe lors des inondations de Paris en 1910, quand un monstre issu d’une expérience s’échappe et sème la panique et trouve refuge sous un cabaret de Montmartre où se produit la vedette du moment au tempérament bien trempé.
Enfin, The Thing s’avère la « préquelle » du film éponyme de 1982 signé John Carpenter (lui-même remake de celui de Christian Niby datant de 1940), où l’on apprend comment la créature extraterrestre aux pouvoir mimétiques a été découverte par une équipe norvégienne en Antarctique, avant qu’elle ne passe dans une base américaine, sujet de la version Carpenter et Niby. Premier film de Matthijs van Heijningen Jr., l’on y retrouve notamment Joel Edgerton, vu récemment dans le formidable Warrior et bientôt dans Kill Bin Laden de Kathryn Bigelow.
Mercredi 19 octobre : alerte « polissière »
La troisième réalisation de Maïwenn, Polisse, a fait beaucoup parlée d’elle sur la Croisette et remporté le Prix du jury. Belle consécration pour la jeune réalisatrice et actrice à la tête d’un film consacré à la brigade des mineurs qu’elle suit sur une tonalité très documentariste, qui rappelle L.627 de Bertrand Tavernier, sur la brigade des stupéfiants. La cinéaste qui joue également dans le film, s’est nantie d’un très beau casting : Karine Viard, Marina Foïs, Joey Starr (son compagnon) et Nicolas Duvauchelle.
Le blockbuster Real Steel lorgne sérieusement du côté du divertissement familial, son réalisateur étant Shawn Levy (Nuit au musée 1 et 2, La Panthère rose 1 et 2, 13 à la douzaine…). Son principal attrait, à priori, est d’avoir confié le rôle principal à Hugh Jackman dans ce film décrivant un futur proche dans le milieu de la boxe, où les boxeurs ont été remplacés par des robots de 900 kilos. Jackman endossant le rôle d’un entraîneur dans la « loose » que les retrouvailles avec son fils vont remettre sur les rails.
Mais l’événement science-fiction est la reprise du classique de Fritz Lang de 1927, Metropolis dans une toute nouvelle version qui bénéficie de 25 minutes supplémentaires. Elles ont été retrouvées en 2008 chez un particulier de Buenos-Aires en Argentine qui possédait la copie la plus complète du film connue à ce jour (il en manquerait encore 5 mn). Métropolis a subi bien des vicissitudes au cours de sa carrière, au fil de découvertes successives de scènes perdues. La version projetée à partir du 19 octobre est désormais d’une durée de 2h33 et une sortie DVD/Blue Ray sort chez MK2 le 5 octobre.
Cette redécouverte du film, plus qu’une pure et simple reprise, est soutenue par une exposition à la Cinémathèque française du 19 octobre au 29 janvier 2012. On y trouvera des documents écrits autour du film (scénarios, documents de production…), les dessins préparatoires de la direction artistique, des costumes, la reconstitution du célèbre robot, de nombreuses photos, l’institution possédant plus de 800 tirages autour du tournage du film légués par Lotte H. Eisner, première conservatrice de la Cinémathèque.
26 octobre : Tintin versus Clooney
Depuis le temps que l’on en parle, il fallait bien que cela arrive un jour : Steven Spielberg sort une adaptation de Tintin. Il a toujours dit qu’il avait pensé au personnage d’Hergé quand fut conçu celui d’Indiana Jones avec George Lucas. Le plus célèbre des reporters parle donc anglais et la consonance de son non anglicisé devient « tinetine ». Le film a été tourné selon la technique de la « performance capture » qui consiste a filmer la performance d’acteur puis de les couvrir de textures numériques et de les insérer dans des décors de même nature. Désastreusement expérimenté sur Le Pôle Express (2004, Robert Zemmeckis), très performant sur Le Noël de Mr. Scrooge, son exploitation dans Tintin ne s’avère pas des plus heureuses, aux vues de la bande annonce.
On peut également compter sur Hollywood pour retirer la pipe des dents du capitaine Haddock, ainsi que ses bouteilles de whisky.
La Couleur des sentiments, projeté en ouverture du dernier festival de Deauville, s’est fait fortement remarqué traitant de la société américaine avant l’avènement des Droits civiques qui devait mettre à égalité communautés noire et blanche. Adapté du best-seller éponyme de Kathryn Stockett, le film de Tate Taylor met en jeu trois femmes que tout oppose dans une bourgade du Mississippi et qui décident d’écrire un livre remettant en cause les conventions sociales de l’époque.
Avec Les Marches du pouvoir George Clooney signe son troisième film et aborde pour la deuxième fois un sujet politique (après Good Night and Good Luck sur le Maccarthysme). Adapté d’une pièce de théâtre de Beau Willimon, Farragut North il met en scène un jeune loup de la Communication convaincu de sa mission au service d’un gouverneur qui brigue la présidentielle américaine. Il va devoir faire face à la rude concurrence de ses opposants, aux manipulations et coups bas dont il est la cible, pour changer sa manière de voir les choses.
Le casting aligne Clooney himself et deux autres « oscarisés » : Philip Seymour Hoffman et Marisa Tomei qui donnent également la réplique à la valeur qui monte, Ryan Gosling, mais aussi Paul Giamati, Leonardo DiCaprio ayant endossé de son côté son costume de producteur exécutif pour l’occasion.
Restons dans les arcanes de la politique, mais de ce côté-ci de l’Atlantique, avec L’Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller (Versailles) nanti d’un casting de choix : Olivier Gourmet en ministre des Transports, Michel Blanc, son chef de cabinet et Zabou Breitman, sa directrice de la Communication. Projeté à Un certain regard au dernier Festival de Cannes, où il a reçu le Prix de la critique internationale, le film est produit par les frères Dardenne et s’avère le meilleur film de fiction sur la politique contemporaine française, avec à la clé un scénario original écrit de main de maître et une mise en scène ad hoc, nerveuse comme un thriller. Un sujet également traité à Cannes dans La Conquête, qu’il surpasse de loin, et Pater d’Alain Cavalier.
La boucle est bouclée avec la première réalisation, jouée par des acteurs réels, de Marjane Satrapi qui retrouve son complice de Persépolis, Vincent Paronnaud, dans Poulet aux prunes. Très attendu après leur film d’animation, s’y retrouvent Mathieu Amalric et Edouard Baer en tête d’affiche aux côté de Maria de Medeiros, Eric Caravaca et Chiara Mastroianni : n’en jetez plus ! L’histoire d’un violoniste célèbre qui a perdu le goût de vivre et attend l’ange de la mort allongé sur son lit : c’est alors que l’histoire commence…
Partager : l’article sur les réseaux sociaux
les mots-clés associés à cet article
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.