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Tout le monde veut la guitare du film "Coco" : les luthiers mexicains surmenés

Salvador Meza, luthier de père en fils au Mexique, fabrique des guitares depuis son plus jeune âge, mais ses mains tannées n'ont jamais autant travaillé que depuis la sortie de "Coco", le film d'animation des studios Pixar. L'engouement pour la guitare du film, créée par un luthier originaire de Paracho et émigré aux Etats-Unis, a créé une demande folle dans la capitale mexicaine de la guitare.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Miguel, le petit héros de "Coco", avec sa guitare
 (2017 Disney.Pixar. All Rights Reserved)

Salvador Meza, 41 ans, est basé à Paracho, dans l'Etat de Michoacán (ouest), la capitale mexicaine de la guitare. Depuis le XVIIIe siècle des artisans y fabriquent des guitares dont nombre sont exportés aux Etats-Unis.
 
Cette paisible bourgade coloniale n'a jamais connu un tel engouement. Elle le doit à "Coco", l'aventure d'un petit Mexicain fou de musique qui voyage au Pays des morts.
 
Le film des studios Pixar ("Toy Story", "Ratatouille", "Vice Versa"), jamais morbide et plein d'inventions, est un hommage à la tradition du Jour des morts, qui remonte à l'époque préhispanique. Ce jour-là, les Mexicains accueillent les esprits des membres de la famille disparus. Véritable succès, en premier lieu au Mexique, le film a déjà engrangé plus de 500 millions de dollars dans le monde.

Salvador Meza, luthier à Paracho, au Mexique, fabrique une réplique de la guitare de "Coco"
 (Ronaldo Schemidt / AFP)

La guitare de Miguel a été créée par un Mexicain émigré

La guitare de Miguel, le jeune héros de "Coco", n'est pas un modèle classique : elle est blanche avec des incrustations nacrées, et les mécaniques qui permettent de l'accorder sont dorées. Des motifs noirs stylisés font penser aux squelettes du Jour des morts.
 
Les animateurs de Pixar (Disney) se sont inspirés d'un instrument créé par un luthier de Paracho émigré aux Etats-Unis.
 
Depuis quelques semaines et la sortie mondiale du film, les artisans de cette ville ont dû nettement augmenter la cadence.
 
"D'habitude, je travaille chez moi avec ma femme et un ami. Mais là, j'ai dû faire appel à ma belle-mère, mon neveu et mon cousin", poursuit Meza dans son atelier, au milieu d'un nuage de sciure.
Des répliques de la guitare de "Coco" en vente à Paracho, au Mexique
 (Ronaldo Schemidt / AFP)


La ville de Paracho fabrique un million de guitares

"C'est la folie avec 'Coco' !", lance-t-il. Pour faire face à la demande, ce luthier, qui ne dort plus que trois heures par nuit, a dû doubler sa production, passant de 50 à 100 guitares par semaine. Près d'un million de guitares sont fabriquées par an à Paracho.
 
Jusqu'ici, elles étaient essentiellement de couleur bois ou marron. C'était jusqu'à ce que la "fièvre de Coco" s'empare des lieux, raconte Maria Eugenia Gomez qui tient un magasin de guitares. A présent, tout le monde veut le modèle blanc flashy du film.
 
"Si j'en avais 1.000, je les vendrais toutes," assure cette femme de 76 ans.
 
Derrière le modèle original de la guitare de "Coco" se cache Germán Vázquez, qui a quitté Paracho et traversé la frontière il y a 25 ans.

Germán Vázquez, un fou de guitares

Ces dernières années, l'Etat du Michoacán, où se trouve la ville, a vécu dans la terreur du cartel des Chevaliers templiers, qui rackette la population et laisse de nombreux cadavres dans des fosses clandestines. C'est un des Etats où le taux d'immigration vers les Etats-Unis est le plus élevé.  Après avoir traversé la frontière, Germán Vázquez a trouvé du travail, obtenu des papiers et réussi à ouvrir son magasin de guitares à Los Angeles, où il a été repéré par Pixar.
 
A 64 ans, il se souvient de son périple à travers le désert. "C'est dur. Tu arrives sans argent, avec tes seuls vêtements et l'envie de travailler", raconte à l'AFP Germán Vázquez, très critique envers les projets de mur du président Donald Trump. Il dit qu'il se retrouve dans le personnage de Miguel. "Il veut être musicien et fait tout pour y arriver. Je pense que de ce côté, je suis un peu comme Miguel...un fou de guitares", confie-t-il.
 

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