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Succès ciné de l'été : "Moi, moche et méchant 3" "n'a rien à envier aux grosses productions américaines"

Pierre Lambert, historien du cinéma d'animation, s'est enthousiasmé, mardi sur franceinfo, du succès rencontré par la saga "Moi, moche et méchant".

Article rédigé par franceinfo
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Des Minions, issus de la saga Moi, moche et méchant, dans la caravane du Tour de France, le 29 juin 2013, à Bastia (Corse). (Photo d'illustration) (ALEXANDRE MARCHI, /NCY / MAXPPP)

Le succès a une nouvelle fois été au rendez-vous pour le troisième opus de Moi, moche et méchant. Fort de ses plus de 5,4 millions d'entrées en France, le film d'animation produit par les studios Illumination, filiale d'Universal, est le plus gros succès de l'été. La saga séduit, car "ce sont des films extrêmement bien faits" qui "n'ont rien à envier aux grosse productions américaines", a expliqué l'historien du cinéma d'animation Pierre Lambert, mardi 8 août sur franceinfo. Ils "font autant d'entrées, voire plus, que les productions de Pixar et DreamWorks", décrypte le spécialiste.

franceinfo : Qu'est-ce qui explique ce succès ?

Pierre Lambert : La qualité du film et même de la saga est la première raison. Ce sont des films extrêmement bien faits, aussi bien au niveau de la mise en scène que de l'animation. Ils n'ont rien à envier aux grosses productions américaines et ils ont certains avantages que n'ont pas les productions américaines. Il y a une certaine liberté de ton qui est propre à l'animation française. Le Français Pierre Coffin, un des trois réalisateurs, est un ancien élève de l'école des Gobelins. Il a beaucoup de talent et d'imagination, ainsi qu'une culture française et européenne qu'il a mis au service du dessin animé. Cela apporte beaucoup de choses, comme des choses subtiles dans le jeu des personnages. La façon de faire jouer les personnages n'est pas la même que dans les productions Pixar ou DreamWorks. Il y a des clins d'œil vraiment pour nous, même s'il s'adapte au goût américain.

Est-ce que les Minions contribuent au succès ?

Depuis les Schtroumpfs, on n'a pas fait mieux ! J'ai un ami qui est allé aux studios Universal à Los Angeles et les Minions sont au cœur des studios Universal. C'est extraordinaire qu'une création française soit au cœur d'un parc d'attractions aussi important aux États-Unis. C'est surtout le jeu des personnages qui est formidable et ça c'est Pierre Coffin qui apporte sa subtilité. Ils ne sont pas seulement mignons, ils ont beaucoup d'humour, ils jouent entre eux, il y a une solidarité. Coffin a aussi respecté le fait qu'on s'identifie. On est amis avec les personnages, un peu comme faisait Walt Disney dans ses films. Quand on regarde Jiminy Cricket ou Panpan dans Bambi, on a envie d'être avec eux quand on est enfant. C'est nos amis de l'écran et les Minions, c'est un peu la même chose.

Est-ce qu'on est face à un succès qui est rare dans le cinéma d'animation ?

Oui, c'est un succès assez rare. D'autres productions, ce n'est pas du tout le même succès commercial. Mais là, on est dans des succès énormes. Les films de Pierre Coffin rivalisent avec les superproductions américaines. Ils font autant d'entrées, voire plus, que les productions de Pixar et DreamWorks. On ne peut pas comparer avec Walt Disney car lui, quand il faisait ses films, il avait vraiment une vision purement artistique. Il n'a pas inventé le dessin animé, mais c'est lui qui l'a développé au niveau technique et artistique en prenant de très grands artistes et en leur donnant la liberté de créer. Aujourd'hui, quand on veut faire un long métrage, ça coûte tellement cher qu'il faut quand même faire un produit commercial. Il faut donc respecter certaines règles. À l'époque, c'était autre chose. Quand il a fait Blanche-Neige, Walt Disney ne savait pas si ça allait marcher. Il l'espérait, mais c'était le premier dessin animé de long métrage de l'histoire du cinéma. C'était donc un pari très audacieux. Aujourd'hui, lorsque vous produisez un film d'animation comme Moi, moche et méchant, s'il ne marche pas, vous avez énormément de mal à faire le suivant. René Laloux, réalisateur de La Planète sauvage et des Maîtres du temps, ses films marchaient correctement mais sans plus. Il passait des années et des années avant de pouvoir faire le suivant, parce qu'il n'y avait pas le financement.

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