Cinéma : Gru, un personnage moche, méchant... mais populaire
Franceinfo dresse le portrait du héros de la saga "Moi, moche et méchant" dont le troisième volet sort mercredi au cinéma.
La saga s'allonge. Moi, moche et méchant 3 arrive dans les salles françaises mercredi 5 juillet. Et le succès devrait encore être au rendez-vous : le film est en tête du box-office américain une semaine après sa sortie outre-Atlantique.
Alors qu'il s'est fait voler la vedette par ses fidèles Minions il y a deux ans, franceinfo dresse le portrait de Felonius Gru ("Gru" pour les intimes), considéré comme l'un des plus grands super-vilains de tous les temps (enfin, surtout par lui).
Une origine française
A l'origine, Gru est le personnage principal d'un projet de film d'animation écrit par Sergio Pablos, qui a notamment travaillé sur le remake de Tarzan (1999) pour Disney. Vanity Fair raconte qu'en 2007, l'Américain Chris Meledandri, l'homme derrière la saga L’Age de glace, compte monter Illumination Entertainment, une division animation d’Universal. Il se met en quête de talents mais peine à en trouver malgré ses voyages autour du monde.
En marge du festival de Cannes, l'Américain assiste à la projection d'un court métrage de deux Français : Jacques Bled, cofondateur du studio d'animation Mac Guff, et Pierre Coffin, réalisateur et metteur en scène. Les deux amis présentent le pilote d'un long-métrage pour lequel ils cherchent des fonds. Il s'appelle Bones Story et raconte "les aventures d’une famille de squelettes tout ce qu’il y a de plus normal, genre classe moyenne pavillonnaire, avec mamie devant la télé du salon et animal de compagnie sur le canapé", poursuit Vanity Fair.
Chris Meledandri est séduit. Il tend sa carte à Jacques Bled et l'invite à le rencontrer en Californie. Six mois plus tard, les deux hommes se retrouvent. Chris Meledandri lui annonce qu'il ne compte pas produire Bones Story et lui présente le projet Despicable Me (Moi, moche et méchant). Le contrat est juteux et mettrait le studio Mac Guff à l'abri pour longtemps.
Pierre Coffin est déçu que Bones Story soit écarté. Mais Jacques Bled ne lâche pas : "Si tu ne fais pas ce film, je n’y vais pas non plus. C’est peut-être la chance de notre vie mais je m’en fiche. On le fait ensemble ou pas du tout", lui aurait-il dit. Il convainc Pierre Coffin. C'est ainsi que Moi, moche et méchant naît dans les locaux de Mac Guff, au fond d'une impasse du 15e arrondissement de Paris, dans un ancien parking transformé en bureaux.
Les deux comparses réussissent un tour de force. Chris Meledandri "a réussi à convaincre Universal de faire un film en France, c'était une première. Un petit studio français - nous étions moins de 200 à l'époque - est devenu le prestataire d'Universal !", a commenté Pascal Bled dans Le Parisien, en 2016.
S'il est "petit" par rapport à Dreamworks ou Pixar, le studio n'est pas débutant : il a été créé en 1986, a signé de nombreuses publicités et des productions comme Azur et Asmar, rappelle La Tribune.
Une voiture comme muse
Le Français Eric Guillon a participé à l'élaboration de Gru et de son univers. Mais il n'a pas commencé par dessiner le personnage. "L’accessoire positionne le personnage, l’installe dans la comédie", a-t-il expliqué au site Vidéo design formation.
"Il avait d’abord dessiné la voiture de Gru, qui est restée la même jusqu’à la fin. Nous n’avions jamais vu de véhicule comme celui-ci. Le monde de Gru est en quelque sorte né et a grandi à partir de cette voiture", a expliqué Chris Renaud, co-réalisateur de Moi, moche et méchant.
"Les réalisateurs et producteurs ont eu effectivement un vrai coup de cœur pour ce véhicule qui apportait un côté rétro au personnage", a-t-il confirmé à France 3 Pays de la Loire. Et d'expliquer : "Le premier dessin du véhicule était dans un style graphique gothique qui lui donnait un côté 'old school' un peu particulier. C'est à la fois un véhicule puissant mais qu'on ne peut pas prendre au sérieux. Il a un côté second degré, décalé."
Un style proche de Dracula et de "James Bond"
Effectivement, à l'origine, dans le projet de Sergio Pablos, Gru était plutôt gothique, grand et large, a raconté Chris Renaud dans un interview au site Cartoonbrew (en anglais).
"Nous nous demandions quel type de vilain était Gru. S'il devait ressembler graphiquement à Dracula où à un méchant de comics. Mais nous sentions déjà qu'un univers à la James Bond était encore plus propice, a-t-il exposé à L'Express. Et dès le premier film, on a fait le choix de se rapprocher du monde de l'espionnage avec ses gadgets que celui des super-héros avec leurs super pouvoirs."
Ils sont donc allés puiser dans l'univers des méchants de la saga James Bond. Autant du côté de Blofeld avec son crâne rasé...
... que du côté de Goldfinger...
Mais aussi du côté de Bela Lugosi, qui a notamment incarné le rôle du comte Dracula.
Un regard à la Louis Jouvet
Vanity Fair rapporte que le directeur de l'animation Pierre Leduc a été chargé de lui donner un "regard inquiétant" semblable à celui de l'acteur français Louis Jouvet dans Salonique, nid d'espions (1937).
A vous juger :
Un "grand cœur noir"
Gru est méchant. Vraiment très méchant. Il est notamment capable de congeler tous les clients d'un café pour leur passer devant ou de consoler un enfant en lui offrant un ballon... pour mieux le crever ensuite.
Mais rapidement, le méchant s'est attendri. Il s'est marié et a adopté trois petites filles. "Gru n'était finalement pas bien méchant dans le premier film. Il reste toujours un bougon qui parle mal aux gens, mais il est devenu un vrai père de famille, responsable", commente Chris Renaud dans L'Express. Cet éternel grincheux est même devenu un vrai papa poule.
L'acteur Steve Carell, qui double Gru dans la version américaine, résumait la situation dès 2010 : "Gru a un cœur noir mais un grand un cœur noir."
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