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"Une vie secrète" sur les écrans le 19 mai : un film exemplaire qui relate trente ans d'une vie volée pour échapper au franquisme

Inspiré de faits réels, ce long métrage d'une incroyable intensité dévoile une facette mal connue de l'histoire du franquisme. Sur les écrans le 19 mai.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Antonio de la Torre dans "Une vie secrète" de Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga. (EPICENTRE FILMS)

On les appelle "les taupes". Des dizaines de Républicains antifranquistes se sont cloîtrés chez eux, cachés pendant une trentaine d'années, pour échapper à la violente répression du régime franquiste, de 1936 à 1969. Une vie secrète, qui sort mercredi 19 mai, en retrace une histoire édifiante.

Drame kafkaïen

En 1936, Higinio, partisan républicain espagnol menacé par les troupes franquistes dans son village d'Andalousie, décide de se cacher dans sa maison avec l'aide de son épouse Rosa. Il trouve une nouvelle cachette, plus spacieuse, chez le père d'Higinio, qui meurt peu après en leur laissant la maison. Harcelé par un voisin délateur zélé, le couple résiste et parviendra même à avoir un enfant. Ils vivront cloîtrés, dans le mensonge et sous la terreur pendant 30 ans, jusqu'à l'amnistie des ex-républicains en 1969.

Goya (les César espagnols) de la meilleure actrice pour Belén Cuesta (Rosa), prix de la meilleure réalisation et du meilleur scénario au Festival de San Sebastian, présélectionné aux Oscars du meilleur film étranger, Une vie secrète mérite largement ces honneurs. Dès les premières images et jusqu'au dénouement, le spectateur, en passant par toutes les émotions, est happé par ce drame kafkaïen de l'Espagne franquiste.

Intensité dramatique

Il aura fallu pas moins de trois réalisateurs, Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga, ainsi que deux scénaristes, Oscar Corrales et Enrique Asenjo, pour aboutir à cet accomplissement remarquable. Une gageure que de tenir le public en haleine pendant près de 2h30 entre quatre planches ou presque, sans relâcher une seconde l'intensité, le suspense, la révolte intérieure.

Antonio de la Torre et Belén Cuesta dans "Une vie secrète" de Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga. (EPICENTRE FILMS)
Les comédiens Antonio de la Torre et Belén Cuesta, omniprésents, y sont pour beaucoup, mais la caméra des trois réalisateurs également. Ils multiplient les angles, trouvent des cadrages improbables, exploitent l'écran large pour mieux traduire l'enfermement et le drame vécus par les personnages. Le montage est dynamique et propulse le récit constamment en avant. Les cartons donnant avant chaque séquence la définition de mots tels que "Raid, "Cacher", "Enfermement", "Enterrer", "Sortir" rythment le film et annoncent ce qui est à venir avec un humour distancié. 

Deuxième long métrage en trois semaines autour de la guerre d'Espagne, après le formidable dessin animé Josep, Une vie secrète met en lumière une histoire oubliée du franquisme, à l'heure où ses partisans se réveillent de l'autre côté des Pyrénées. Une piqûre de rappel qui, espérons-le, sera entendue aussi en France, comme dans nombre de pays en Europe et ailleurs, où les relents de la répression étatique et de la régression des libertés se font sentir. A voir absolument.

L'affiche de "Une vie secrète" de Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga. (EPICENTRE FILMS)

La fiche

Genre : Drame 
Réalisateurs : Jon Garaño, Aitor Arregi, José Mari Goenaga
Acteurs :  Antonio de la Torre, Belén Cuesta, Vicente Vergara
Pays : Espagne / France
Durée : 2h27
Sortie : 28 octobre 2020
Distributeur : Epicentre Films

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Espagne, 1936. Higinio, partisan républicain, voit sa vie menacée par l'arrivée des troupes franquistes. Avec l'aide de sa femme Rosa, il décide de se cacher dans leur propre maison. La crainte des représailles et l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre condamnent le couple à la captivité.

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