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« Ulysse, souviens-toi » : Guy Maddin se prend la tête

De Guy Maddin (Canada), avec : Jason Patric, Isabella Rossellini, Udo Kier - 1h34 - Sortie : 22 février
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
"Ulysse, souviens-toi !" de Guy Maddin
 (Ed Distribution)

Synopsis : Ulysse Pick est un gangster égoïste, un mari violent et un père mal aimant. Après une longue absence, il rentre dans une maison qu'il ne reconnait plus et entame une odyssée au plus profond de ses souvenirs.
 

A l’heure où « The Artist », film muet en noir et blanc, casse la baraque dans le monde entier, Guy Maddin n’a pas attendu le film de Michel Hazanavicius pour s’y mettre. La plupart de ses films relèvent de cette forme, tout en s’avérant d’une modernité étonnante et d’une beauté époustouflante : « Archangel », « Dracula, pages arrachées au journal d’une vierge », « Et les lâches s’agenouillent », « Des trous dans la tête », « Winnipeg mon amour »… Avec « Ulysse, souviens-toi », il garde le noir et blanc, mais réalise son film le plus bavard et le plus cérébral.

Guy Maddin, canadien de la province du Manitoba, ne cesse de se référer à ses souvenirs, en particulier sa famille, même s’il les détourne, comme dans une catharsis renouvelée d’opus en opus. C’est ici la mémoire du père qui domine. Il en fait un gangster dans la lignée d’un James Cagney, interprété par Jason Patric, qui se planque avec ses sbires dans une maison abandonnée qu’il ne se rappelle plus est la sienne. C’est alors que les fantômes vinrent à sa rencontre…

Isabella Rossellini dans "Ulysse, souviens-toi !" de Guy Maddin
 (Ed Distribution)

Dans les labyrinthes de la maison, ce père absent sans mémoire rencontre une jeune femme noyée qui recouvre la vie, son épouse (Isabella Rossellini qui tourne pour la troisième fois avec Maddin), oubliée dans les combles, et un fils dont il ne connaissait pas l’existence. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce parcours suit un dédale des plus tortueux, avec moult références psychanalytiques, beaucoup de personnages et de dialogues qui alimentent sans doute le film le plus cérébral de leur auteur, qui met quelque peu de côté l’instinct et la sensualité qui transpirent de ses films précédents.

Sa poésie si particulière n’est pas pour autant absente. Avec ses lumières stroboscopiques, son montage frénétique, sans oublier un univers tout en référence à la culture populaire, ici le film de gangsters et de fantômes. Le rapprochement entre les deux est des plus heureux mais peut perdre le spectateur dans des méandres et verbiages surabondants.

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