"Trop belge pour toi", la crème du court-métrage belge
Visionner des courts-métrages nécessite aujourd’hui une bonne dose de motivation. La quasi-disparition de ces programmes en première partie de longs métrages n’aide pas. Et pourtant, la quasi-totalité des grands réalisateurs contemporains se sont d’abord fait la main sur ces "petits formats" dans lesquels leur caractère et leur talent pointaient déjà.
A l’initiative d’un producteur belge, voici un "programme" de cinq films courts, qui ont écumé les festivals ces dernières années. Quatre d’entre eux ont reçu un Magritte, l’équivalent belge des César. Tous ont collectionné les prix. Les amateurs d’humour "à la belge", d’autodérision, de transgression et non-sens vont adorer. Bienveillants avec leurs personnages, ces films gardent toujours sous le coude un zeste de folie prête à bondir.
Welkom (de Pablo Muñoz Gomez) – 17’ – 2013 - avec Jean-Jacques Rausin, Simon André, Wim Willaert. Un homme et son père expérimentent la fracture belge : leur maison est en Wallonie mais le jardin en Flandres. Pour obtenir le permis de construire d’un poulailler, ils vont devoir affronter l’administration flamande et apprendre une langue dont ils ne connaissaient pas un traître mot. Ubuesque à souhait, joyeusement surréaliste.
Avec Thelma (de Ann Sirot et Raphaël Balboni) – 14’ – 2017 - avec Jean Le Peltier, Vincent Lécuyer, Thelma Balboni L’espace aérien est bloqué par l’éruption d’un volcan islandais (un scénario crédible, rappelez-vous de la pagaille provoquée par la colère de l'Eyjafjöll en 2010). Thelma, une petite fille malicieuse, est recueillie par un couple d’hommes, Jean et Vincent. Un "deux hommes et un couffin" version belge, minimaliste et bienveillant.
Kapitalistis (de Pablo Muñoz Gomez) -14’ – 2017 – avec Georges Siatidis, Nikos Saxas, Anne Paulicevich, Wim Willaert, Jean-Benoît Ugeux, Catherine Salée, Tom Audenaert
Noël approche et un immigré grec a bien du mal à joindre les deux bouts. Son job de livreur de pizza ne suffit pas à offrir le cartable dont rêve son petit garçon. Pour y parvenir, il est prêt à accepter n’importe quoi. Y compris devenir une table vivante pour poser les petits fours d’une soirée branchée… Grinçant et drôle à la fois.
Le plombier (de Xavier Seron et Méryl Fortunat-Rossi) – 15’ – 2016 – avec Tom Audenaert, Catherine Salée, Jean-Benoît Ugeux, Philippe Grand’Henry, François Ebouele et Delphine Théodore.
Tom est un comédien flamand, spécialisé dans le doublage. Son créneau habituel, les dessins animés. Pour dépanner un ami, le voilà qui débarque dans une séance très particulière : il va falloir refaire les voix et le bruitage du "Plombier"… un porno ! Si les deux réalisateurs abusent des très gros plans, un peu lassants à la longue, on savoure la galerie de personnages incroyables, drôlement barrés.
L’Ours noir (de Xavier Seron et Méryl Fortunat-Rossi) – 16’ – 2015 – avec Jean-Jacques Rausin, Jean-Benoît Ugeux, Catherine Salée, Terence Rion, François Neycken, François Ebouele Cette "fantaisie bucolique" auto-proclamée nous emmène en forêt canadienne pour une promenade qui va mal tourner… Beaucoup de tripes et d’hémoglobine, un esprit café-théâtre un peu daté, des allures de spectacle étudiant de fin d’année. C’est le moins abouti des cinq films, mais il a ses fans.
Cette sélection sort dans les salles le 2 février 2019.
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