« Total Recall mémoire programmée » : retour vers le futur
Synopsis : Modeste ouvrier, Douglas Quaid rêve de s’évader de sa vie frustrante. L’implantation de souvenirs que propose la société Rekall lui paraît l’échappatoire idéale. S’offrir des souvenirs d’agent secret serait parfait… Mais lorsque la procédure d’implantation tourne mal, Quaid se retrouve traqué par la police. Il ne peut plus faire confiance à personne, sauf peut-être à une inconnue qui travaille pour une mystérieuse résistance clandestine. Très vite, la frontière entre l’imagination et la réalité se brouille. Qui est réellement Quaid, et quel est son destin ?
Philip K. Dick superstar
En 1990, « Total Recall », avec Arnold Schwarzenegger, fut le plus gros succès de la carrière américaine du néerlandais Paul Verhoeven. Il fut un temps envisagé d’en faire une suite, projet abandonné au profit de l’adaptation d’une autre nouvelle de Philip K. Dick, « Minority Report », par Steven Spielberg. On peut se demander pourquoi « Souvenir à vendre », le texte originel de Dick, relève d’une telle obsession, l’ensemble de l’œuvre d’un des plus grands auteurs de science-fiction étant d’une prolixité et richesse incroyable, un véritable puits sans fond d’idées de scénarios. Mais, c’est bien connu à Hollywood, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
C’est le réalisateur musclé Len Wiseman (« Die Hard 4 », « Underworld ») qui s’y colle, avec Colin Farrell dans le rôle tenu en 1990 par Schwarzy, et l’épouse du cinéaste, Kate Beckinsale (« Underworld), dans celui que tenait Sharon Stone. Si cette nouvelle version garde la structure générale du récit originel, elle revient quelque peu au texte de Dick en supprimant l’épisode martien, toute l’action se déroulant sur Terre. Un précepte qui fournit une des meilleures idées du film, la survie de seulement deux continents sur la planète, aux antipodes l’un de l’autre, reliés par une sorte de colossale ascenseur qui traverse l’écorce terrestre de part en part.
Haute teneur visuelle
Si le film de Verhoeven avait une bonne teneur scénaristique, respectueuse de l’univers dickien, les qualités visuelles n’étaient pas toujours au-rendez-vous. C’est tout le contraire avec Len Wiseman qui a peaufiné avec son décorateur Patrick Tatopoulos deux cités futuristes de très grande beauté et complexité. Celle de la Fédération, néo-classique et ensoleillée, renvoie à l’idéologie dictatoriale qui la gouverne, alors que « La Colonie », peuplée d’ouvriers est organique, montée de bric et de broc et anarchique, est soumise à une pluie continuelle. Cette dernière évoque irrésistiblement le Los Angeles 2019 de « Blade Runner » (encore Dick).
Cette très haute teneur visuelle est le meilleur atout du film qui délaisse quelque peu les subtilités de l’intrigue dickienne au profit de la fascination esthétique et surtout de l’action. Le film s’apparente ainsi à une poursuite sans fin ponctuée de fusillades et bagarres incessantes, tant et si bien que le dernier quart d’heure en devient éreintant et que l’on a hâte d’en finir. Retenons toutefois une formidable poursuite entre véhicules à propulsion électromagnétique (idée reprise de « Minority Report », toujours Dick).
Le film de Len Wiseman respecte les thèmes forts de la S-F, tels que la lutte antidictatoriale et celui des simulacres dickiens, dans un contexte urbain tentaculaire et futuriste. Il les adapte à notre époque post-11 septembre 2001, en traitant du terrorisme, d’une déclaration de guerre sous le sceau du mensonge, et en identifiant l’écroulement vertical de l’ascenseur à celui des Twins Towers. « Total Recall mémoire programmée » n’en reste toutefois pas moins plus un pur film d’action que de science-fiction.
La bande-annonce de "Total Recall" de Paul Verhoeven pour la sortie du film en Blu-ray :
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