"The Program": quand Stephen Frears décortique le mensonge Armstrong
Neuf ans après "The Queen", le réalisateur anglais ("My beautiful laundrette", "Les liaisons dangereuses"...) aborde à nouveau l'histoire contemporaine. Après les intrigues de couloir au sein de la famille royale britannique, il s'attaque au programme de tricherie et de corruption le plus élaboré de l'histoire du sport.
Le scénario est une adaptation du livre de David Walsh "Seven Deadly Sins: My Pursuit of Lance Armstrong", paru fin 2012, et fait la part belle au rôle de ce journaliste irlandais du Sunday Times dont les révélations ont, à partir de 2004, précipité la chute de LA.
Reportage: Nathalie Hayter, Georges Pinol, Sabine Gorny, Brigitte Vidal
"The Program" s'ouvre sur le titre mondial sur route qu'Armstrong décroche par surprise en 1993, à Oslo, et se clôt par ses aveux télévisés et scénarisés dans l'émission d'Oprah Winfrey vingt ans plus tard.
Entre temps, on suit sa lutte et sa victoire contre le cancer et surtout l'ascension d'un homme qui ne hait rien plus que la défaite. Une ascension planifiée grâce à un rigoureux programme de dopage, mais aussi de marketing et de communication, mis en place pour remporter sept Tours de France: "The Program".
Frears peint un tableau convaincant des coulisses des pelotons des années 1990/2000, époque où l'EPO était d'autant plus consommée qu'elle restait indétectable. Comme l'hormone de croissance ou les corticoïdes.
Guillaume Canet en Ferrari
Initié par Johan Bruynel, son manageur et âme damnée, pris en main par le docteur Michele Ferrari (surprenant Guillaume Canet) Armstrong sait qu'il doit dépasser le dopage encore "artisanal" des autres équipes pour compenser les qualités physiques"moyennes" détectées chez lui par le médecin italien. Et soumettre ses équipiers de la formation US Postal. A sa personne et aux seringues d'érythropoiétine.
Dur, autoritaire, cassant, mais capable de brefs moments d'humanité, comme lorsqu'il visite des enfants malades du cancer... l'acteur britannique Ben Forster rend à la perfection la personnalité d'Armstrong dont Frears n'oublie quasiment aucun
des méfaits dans le peloton: son intimidation du coureur français Christophe Bassons, qu'il pousse à l'abandon sur le Tour 1999, ou de l'Italien Filippo Simeoni, repenti et témoin contre Ferrari, qu'il fait rentrer dans le rang en 2004.
Un homme, tiraillé entre sa conscience et la tentation d'adhérer pleinement au programme pour la gagne, va se rebeller et précipiter la chute du Texan: son compatriote Floyd Landis, vainqueur du Tour en 2006 puis privé de son titre pour dopage. La
justice américaine s'est par la suite appuyée sur Landis pour piéger Armstrong. "Donner à Floyd Landis l'image d'un héros sympathique, c'est explicable au regard de son importance, par la suite, dans le processus judiciaire qui a conduit à la
chute d'Armstrong", justifie David Walsh.
Frears fait de l'opposition entre Landis le mennonite (élevé à la dure dans une ferme de Pennsylvanie) et Armstrong le flambeur ("ami de George W. Bush") le ressort de la chute du tricheur, qui se verra privé de ses sept victoires dans le Tour.
"The Program" de Stephen Frears sortie en salles le 16 septembre 2015
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