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"Sur les chemins noirs" : la longue marche de Sylvain Tesson avec un Jean Dujardin pas vraiment à sa place

Après "La Panthère des neiges", cette nouvelle adaptation d’un récit de voyage de Sylvain Tesson ne boucle pas tout à fait la boucle.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Jean Dujardin dans "Sur les chemins noirs" de Denis Imbert (2023). (THOMAS GOISQUE - 2021-Radar Films-La Production Dujardin-TF1 Studio-Apollo Films Distribution-France 3 Cinéma-Auvergne Rhône Alpe Cinéma)

Habitué à aborder des personnages déterminés dans ses films, Denis Imbert (Il reste du jambon, Vicky, Mystère) s’attaque à une forte personnalité en adaptant Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson qui sort mercredi 22 mars. Jean Dujardin voulait le rôle, il l’a eu. Mais ce n’est pas forcément pour le meilleur, sans remettre en cause son talent. Si le film est fidèle à Sylvain Tesson, il passe à côté de sa reconstruction physique après un grave accident, un des thèmes au cœur du texte.

Odyssée modeste

Dans le coma après avoir fait une chute en état d’ivresse, Pierre, écrivain-voyageur (Jean Dujardin), se réveille à l’hôpital à la veille d’entamer une longue rééducation. Pour ce faire, il décide de traverser la France, du Mercantour au Cotentin, à pied en solitaire. 

Après s’être vu adapté au théâtre par le comédien et metteur en scène Laurent Soffiati, Sur les chemins noirs voit le jour au cinéma dans un film-odyssée. Une odyssée de la modestie et de l’endurance, par le choix de la marche à pied et des paysages traversés. Cette reconquête du corps passe par celle de chemins oubliés qui donnent leur titre à l’œuvre. Une "œuvre au noir", pour reprendre le langage alchimique, qui, des ténèbres, mène à la lumière.

Sec comme un coup de trique


Sur ces chemins perdus de la France rurale, rocailleuse, jalonnée de plaines, de collines, et de rencontres (Anny Duperey, Jonathan Zaccaï), le marcheur médite sur l'état du monde qui ressemble plus à une course à l’échalote qu’à une randonnée pédestre. Pierre dénonce une globalisation de l’humanité au détriment de l’individuel et de la responsabilisation de soi, qu'incarne la marche en solitaire. Elle n'est d'ailleurs pas si solitaire que cela dans le film, et les rencontres participent à une prise de conscience de l'état du monde..

Si l’on retrouve le sens du texte de Sylvain Tesson, le choix d’un Jean Dujardin bien bâti pour incarner un écrivain en convalescence, sec comme un coup de trique à sa sortie d’hôpital, n’est pas forcément le plus judicieux. Cette reconstruction du corps est pourtant au cœur de l’entreprise, et si Dujardin interprète cette reconquête dans son jeu, son physique vigoureux est un peu paradoxale. Denis Imbert arrive donc à mi-parcours de son périple filmique, en privilégiant la belle image et un acteur talentueux autant que "bancable", au détriment du récit âpre d’un défi.

L'affiche de "Sur les chemins noirs" de Denis Imbert (2023). (APOLLO FILMS : TF1 STUDIOS)

La fiche

Genre :  Drame
Réalisateur : Denis Imbert
Acteurs : Jean Dujardin, Izia Higelin, Anny Duperey, Jonathan Zaccaï, Josephine Japy, Dylan Robert
Pays :  France
Durée : 1h33
Sortie : 22 mars 2023
Distributeur : Apollo Films / TF1 Studios

Synopsis : Librement inspiré de Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson (2016). Un soir d’ivresse, Pierre, écrivain explorateur, fait une chute de plusieurs étages. Cet accident le plonge dans un coma profond. Sur son lit d’hôpital, revenu à la vie, il se fait la promesse de traverser la France à pied du Mercantour au Cotentin. Un voyage unique et hors du temps à la rencontre de l'hyper-ruralité, de la beauté de la France et de la renaissance de soi.

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