"Twixt" : les fantômes de Coppola
Synopsis : un écrivain de romans de sorcellerie est projeté dans une énigme policière suite au meurtre d’une jeune fille dans la bourgade où il vient de débarquer pour faire la promo de son dernier livre. Il est visité dans ses rêves par le fantôme d’une énigmatique jeune fille qui le guide dans son enquête, tout en lui fournissant le sujet de son prochain roman. Il va découvrir que le mystère du meurtre est intimement lié à son histoire personnelle.
Confidence
Si d’aucuns jugeront « Twixt » comme un Coppola mineur, c’est, d’après le cinéaste son film le plus personnel. En raison de la mort accidentelle de son fils qui mourut comme « V » dans son dernier film. Le réalisateur d’« Apocalypse Now » effectue une catharsis dans un film fantastique qui le renvoie aux sources d’un genre fréquenté depuis ses origines comme cinéaste : retour aux sources.
Le titre « Twixt » (entre deux en français), évoque tout le film, son personnage d'écrivain, comme un Stephen King au petit pied, passant constamment du rêve à la réalité, du monde des vivant au monde des morts. Coppola n’est pas plus sensible au cinéma fantastique que cela, hormis dans ses origines de cinéaste, pour avoir réalisé son premier long métrage chez Roger Corman, « Dementia 13 » (1963). « Twixt » est une catharsis par rapport à la mort de son fils opérée par un flash-back au fantastique, car le fantastique ressuscite les morts.
Des couleurs du temps
« Twixt » ne fait pas peur, c’est un film poétique qui fait appel au genre de l’« épouvante » et de l’« horreur » par pure forme. Edgar Allan Poe, mis à contribution, en est la caution, mais aussi Lovecraft. D’eux émane toute la « mélancolie » et la métaphysique du film. Comme le dit Coppola, les vampires ne l’intéressent pas, il aime les histoires d’amour gothiques. On le comprend. Et « Twixt », c’est tout cela. Et bien plus.
Le film recoupe cette veine de petits films que Coppola aime avant ses superproductions auxquelles son nom est associé. « Twixt » rappelle ainsi dans sa filmographie surtout « Rumble Fish » (« Rusty James ») dans l’usage de touches de couleur dans le filmage en noir et blanc de ses scènes oniriques, de toute beauté. Il rappelle également un personnage évocateur de « Motorcycle Boy » du même film, et traite du thème du temps, constant chez lui. Il fait encore appel au relief pour deux scènes, là où on ne l'attendait pas. Coppola s’est toujours voulu en accord, voire en avance (« Coup de cœur »), avec la technologie cinématographique de son temps, pourquoi ne le serait-il pas encore ?
« Twixt » a la particularité d’être un film très personnel de la part d’un des plus grands cinéastes qui fait référence au film de genre, ici le fantastique, pour transcrire une expérience très personnelle. Il fait appel aux fantômes et aux vampires pour parler de lui-même, réquisitionnant Poe mais aussi Lovecraft, pour l'occasion. Expérience très touchante, comme cinéphile (amoureux du cinéma), qui remonte à ses origines de cinéaste (Corman) pour expurger une douleur vécue dans sa chair : le cinéma dans ce qu’il devrait toujours être. « Moi » pour les « autres ». Confessionnel et touchant : d’une confiance envers le spectateur effroyable. Magnifique.
La bande-annonce américaine de "Twixt" :
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