"Moonrise Kingdom", film d'ouverture à Cannes : fugue en mode majeur
Film d'ouverture
Synopsis : Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965, Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s’enfuient ensemble. Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violent tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.
"Moonrise Kingdom : la bande-annonce :
Univers WASP
Film d’ouverture du 65e Festival de Cannes, « Moonrise Kingdom », de Wes Anderson, parachève – pour l’instant – l’univers cinématographique, un rien déjanté, de son réalisateur, dont « La Famille Tanebaum » et « Fantastic Mr. Fox » restent dans les mémoires. Histoire de la fugue de deux pré-ados, dans l’Amérique de 1965, il rassemble un casting impressionnant : Bruce Willis, Edward Norton, Bill Murray et Frances McDormant, aux cotés de deux jeunes acteurs craquants.
Prenant comme contexte un camp de Scouts et une famille WASP, la mise en scène, très présente, prend le parti de cadres et travellings minutieux qui collent aux décors, reflet d’une pensée « carrée », « straight ». Le jeu des couleurs est étudié, avec des rouges, des jaunes, des verts, des écossais flashy, traduction d’un monde idéalisé par les adultes, alors qu’au fond stagne un ennui profond.
Tempête sous un crâne
La goutte qui fait déborder le vase est la fugue de Sam et Suzy, sur cette île où ils habitent, trop petite pour vivre leur amour, à 12 ans. La tempête venue de l’océan est à l’image de celle, plus intérieur, qui va agiter toute la communauté. C’est la différence qui gêne. Sam et Suzy sont jugés asociaux, Rejetés, menacés d’hôpital, d’orphelinat, ce sont eux qui vont partir. Mais cette différence ouvre également le film au thème de la gravité de l’enfance, où se pose les questions essentielles et se vivent les premières expériences, ici l’amour.
Cette gravité laisse une grande place à l’humour dans lequel baigne constamment le film. L’accord de la mise en scène le fait basculer dans la poésie ; la musique de Britten, Saint-Saëns, Schubert, Mozart et des chansons folks participent d’une émotion faussement naïve, Un beau conte, une belle fable. Donc une leçon.
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