"Les Lyonnais" : le choix des armes
De sa jeunesse passée dans la misère d’un camp de gitans, Edmond Vidal, dit Momon, a retenu le sens de la famille, une loyauté sans faille, et la fierté de ses origines. Il a surtout conservé l’amitié de Serge Suttel. L’ami d’enfance avec qui il a découvert la prison à cause d’un stupide vol de cerises. Avec lui, inexorablement il a plongé dans le Grand Banditisme, et connu l’apogée du gang des Lyonnais, les plus célèbres braqueurs du début des années soixante dix.
Ex-flic, rénovateur du polar
C’est à croire qu’Olivier Marchal a été flic pour faire du cinéma. Depuis "L.627" de Bertrand Tavernier où il était conseiller, il n’a cessé d’écrire et de réaliser ("36, Quai des Orfèvres", "M. 73"...). Il a influencé le renouveau du polar français avec une noirceur qui colle au genre en l’actualisant à l’époque. Son biopic du gang des Lyonnais raconte les derniers feux d’un grand banditisme en voie de disparition.
Construit sur un flash-back, son film alterne le présent et le passé pour expliquer le premier en suivant une chronologie cohérente. Elle est malheureusement entachée d’un virage des couleurs au sépia pour signaler l’antériorité de la temporalité. Une faute de goût qui sonne comme une alarme pour nous avertir, "attention, ce n’est pas la même époque". Lourd. Dommage, car le film tient par ailleurs ses promesses.
Noir, c'est noir
Marchal semble un nostalgique des polars de Corneau. Ce n’est sans doute pas par hasard que "Les Lyonnais", qui s’inspire de faits réels, fait référence au "Choix des armes", une fiction. Il choisit Gérard Lanvin, qui y faisait ses débuts, en inspecteur de police, et les deux films tournent autour d’un gangster qui raccroche, rappelé par son passé. "Un voyou qui sommeil reste un voyou" scande l’affiche. Une provocation face la réinsertion, mais aussi un thème majeur du polar français.
Comme à son habitude, Olivier Marchal aime les ambiances nocturnes et les scènes sombres, label de la « série noire ». Il s’y confond comme par naturel, tout comme il fait usage d’une violence brutale, sans concession, dont la source se situerait du côté d’un Friedkin. Inspiré de l’autobiographie d’Edmond Vida, Marchal y rajoute le personnage de Serge Suttel (Tchéky Karyo) qui serait la contraction de personnalité qu’a croisé le cerveau du gang des Lyonnais.
Olivier Marchal a toujours mélangé réalité et fiction avec réalisme, au service d’une morale. C’est ce que l’on pourrait lui reprocher. Un penchant pour contrebalancer sans doute une amoralité enfouie qui, certainement, un jour s’imposera.
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